Travailler le cuir : boucle d’oreille et collier

En trois ans, dans mon village à Wuhan, en Chine, j’ai rencontré des tas de gens passionnés, talentueux, généreux ! Et parmi eux, la dernière année, j’ai eu la chance de croiser le chemin d’Emmanuelle. Avant d’atterrir dans notre communauté d’expatriés, Emmanuelle travaillait dans la sellerie générale, qui est le terme pour désigner le travail du cuir au sens large (et donc pas uniquement pour les équipements destinés aux chevaux, mais également la bagagerie, les revêtements, le travail des matières, la maroquinerie, etc…). Elle faisait des pièces uniques, des bijoux, des sacs et autres jolies choses de qualité, qu’elle vendait sur les marchés ou via sa boutique.

Quand j’ai su qu’il y avait un tel savoir-faire à deux pas de chez moi, j’ai toqué et demandé à Emmanuelle si elle ne pouvait pas m’initier à ce travail du cuir. Elle a accepté avec joie et j’ai pu faire trois matinées en sa compagnie ! Pas de suspens, je peux vous le dire tout de suite, j’ai adoré ! Déjà parce que j’ai découvert plus personnellement une vraiment chouette personne ! Je me suis régalée de sa compagnie, de son œil sur le monde, de ses propos impliqués et fins, de sa douceur enveloppée d’une maturité bienveillante, de sa patience et de son sens de l’humour pétillant. J’aurais aimé qu’elle débarque plus tôt dans notre village pour échanger davantage. Mais un peu, c’est beaucoup mieux que rien. Et puis, j’ai pu admirer son travail, son expertise, sa créativité. La sellerie est un artisanat rigoureux, exigeant, passionnant… Je n’ai pas les qualités d’Emmanuelle et je ne pense pas que je pourrais en faire mon métier, mais j’admire ce qu’elle est capable de réaliser. J’ai néanmoins fabriqué, sous sa houlette, trois bijoux et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Je vous montre ?

Alors déjà, qui dit cuir, dit peau. Et qui dit peau, dit animal, bien-sûr.
Chaque cuir a ses particularités selon l’animal d’où il provient, selon son âge, etc… L’aspect est plus ou moins lisse, épais, coloré…

Une peau de vache nature a cette teinte rosée très pâle (coupon du dessous). Mais on peut obtenir à peu près toutes les couleurs du monde ensuite. Les teintures se font soit en surface, soit en profondeur. Des motifs peuvent également être incrustés. Les possibilités sont vraiment immenses.

L’aspect, selon si on utilise du cuir de cochon, de vache, d’agneau, de mouton… est plus ou moins granuleux, plus ou moins souple et possède plus ou moins de relief. Quand tu fabriques un objet, il faut donc faire attention au choix du cuir, afin d’obtenir la texture qui convient au rendu souhaité.

Le tannage des peaux est obligatoire pour obtenir de la souplesse. Il peut être végétal ou chimique. Les hommes de Cro-Magnon tannaient déjà les peaux des animaux pour les conserver. Et comme aujourd’hui, ils utilisaient les peaux pour récupérer le cuir et la fourrure.

Je ne vais pas poursuivre cette petite introduction au cuir, parce que je suis loin d’être une experte et pis parce que ce serait un peu fastidieux. Je vais enchainer en vous montrant ce que j’ai réalisé.

Je commence par un bracelet en cuir que je voulais offrir à mon zhom. Emmanuelle m’a montré comment découper proprement une bandelette directement dans la peau sélectionnée.

J’avais un gabarit que j’ai reproduit en utilisant une pointe métallique : j’ai gravé les contours mais également les emplacements des futurs trous.

Pour obtenir une découpe en arrondi parfaite, j’ai utilisé un outil ad hoc. Un coup de marteau plus loin, tu as une bandelette bien finie. Enfin, en théorie, parce que moi, je manque un peu de pratique… c’est pas vraiment nickel.

Avec cet outil, je découpe les trous qui serviront à glisser le système de fermeture.

Je passe à la teinture. Je n’hésite pas à passer plusieurs couches pour obtenir un beau noir.

Comme je suis débutante, Emmanuelle a pitié de moi. Elle me donne un ruban de cuir déjà tout cousu pour la suite ! Je découpe la portion qui me convient. Et je la colle à ma partie. (Matos chinois, vous avez vu ^^).

Et voilà le résultat. Je n’ai pas pris le temps de prendre une photo de la fermeture et là, je n’ai aucune idée d’où se trouve le bracelet dans mes cartons de déménagement…

Et je vous ai épargné également les étapes de ponçage des rebords du bracelet, les ajouts de cire, etc…

* * * *

Allez, on passe à la deuxième bidouille. Cette fois-ci, je voulais un bracelet large où je puisse faire de la gravure dessus. J’ai donc découpé une bande de cuir au cutter de trois centimètres. J’ai arrondi les angles.

J’ai trouvé un motif qui me plaisait (4 éléphants en origami, pour mes 4 fantastiques). Je l’ai dessiné sur du calque. Puis j’ai posé le calque sur le cuir et avec l’aide d’une pointe (l’outil à gauche sur la photo au-dessus), je suis repassée sur tous les traits pour les graver.

Ensuite, j’ai fait chauffer un fer à pyrograver, tout bête. Enfin, avec une pointe fine. Et j’ai brûlé le cuir pour faire ressortir le dessin. Ça demande un peu de patience et de précision, mais en dehors de cela, zéro difficulté.

Et voilà le rendu. Visiblement j’ai la main qui tremblotte on dirait… ^^ C’est mon côté timide.

Après, je me suis occupée de la déco latérale. Avec un poinçon et un marteau, j’ai incrusté les espèces de demi-soleils. J’ai également tiré un trait à l’aide de la pointe, que j’ai souligné ensuite au pyrograveur.

J’ai rajouté de la teinture. On l’applique à l’aide d’un bout d’éponge en faisant des ronds. J’aurais pu insister pou remplir les arcs de cercle, mais je trouvais sympa de les voir ressortir. Le cuir boit la couleur, vous verrez que mon bracelet sera bien plus pâle une fois la peinture absorbée.

Ça va assez vite d’ailleurs. Parce que là, je poursuis mon bracelet en posant des œillets et la couleur s’est déjà estompée.
Sinon pour poser des œillets, il faut l’outil qui va bien et dont je ne connais pas le nom. Une fois le trou percé, on a besoin du petit cercle métallique à la bonne taille et du machin noir que vous voyez sur la photo. On pose le cercle dans le trou, on place le machin noir (qui s’emboite sur un manche, celui que vous avez vu en photo plus haut) et on tape dessus au marteau.

Il ne reste plus qu’à mettre un ruban et hop, voilà le travail… (Enfin, le ruban doit être un peu travaillé…)

J’ai quand même un peu merdé, parce que je n’ai pas appliqué de vernis de protection à l’eau. Et quand j’ai porté mon bracelet un jour où il faisait moche, l’eau a moucheté le cuir… et depuis les traces ne partent pas.

* * * *

Et voilà pour ma seconde bidouille. Passons à la dernière. J’avais repéré depuis longtemps ce magnifique collier sur Etsy (clic).

Je me suis dit que c’était à ma portée. Oh, pas aussi bien fini je suppose mais quelque chose d’approchant. Alors j’ai repris ma feuille de calque, celle qui avait déjà servi pour mes éléphants, et j’ai dessiné une plume dessus.

Une fois la forme reproduite grâce à la pointe métallique, j’ai utilisé de simples ciseaux pour découper ma plume. Vos petits yeux malins ont repéré que cette fois, j’ai utilisé du cuir déjà teint… 😉

Ensuite, je me suis lancée dans la partie couture. Je me demandais bien comment ça allait se faire parce que coudre dans du cuir, à première vue, ça ne fait pas rêver… mais finalement, les mecs qui font de la sellerie depuis des années, ils ne sont pas cons ^^. Ils se sont organisés hein !! Ils ont créé des outils qui leur fallaient pour se faciliter la tâche. Par exemple, ils ont inventé ce truc qui pré-perce le cuir de manière régulière. Forcément, après, c’est plus facile…

Voilà le rendu. Versus le modèle de base qui m’inspirait, je n’ai pas tracé deux lignes. Vous pouvez voir la masse qui sert à marquer les trous, on dirait un marteau pour attendrir la viande ^^ !

Pour la couture, il vaut mieux prendre du fil spécifique. Le petit fil en coton, il ne va pas faire le job longtemps… Alors là, j’ai opté pour un fil enduit, ton sur ton.

J’ai mis des œillets de part et d’autre de la plume pour pouvoir glisser le fil en cuir ensuite.

Et voilà le travail :). Je suis suuuuuuper contente ! Je trouve que ce collier rend super bien et ça m’a demandé 1 heure de temps. Depuis la photo, j’ai corné davantage la plume et c’est plus joli encore je trouve.

Pendant que je bricolais, les copines aussi réalisaient des merveilles. Je n’ai pas toutes les photos de leurs réalisations, hélas. Mais c’était chouette de voir tout le monde partir dans des directions diverses… Mon amie AS se lançait dans un bracelet à petits trous qu’elle a teint en rouge.

Voici les boucles d’oreille de Florence, qui mixent du cuir, des perles et des plumes.


Emmanuelle aussi a réalisé des boucles d’oreille, pour les offrir à une amie du village qui n’avait pas pu venir à l’atelier, à son grand regret.

Les voilà, prêtes à être offertes :). Joli boulot réalisé en deux temps, trois mouvements :).

Encore mille mercis Emmanuelle. J’ai vraiment beaucoup aimé travailler le cuir. J’ai acheté plein de matériel pour continuer en France et j’attends avec impatience le moment où je pourrais ouvrir le carton. Ça voudra dire que ma maison est déjà biiiiien rangée et que je peux poser mes fesses pour bidouiller ! J’ai hâte…
Parce qu’en ce moment, je suis envahie de cartons et de projets de restauration de la maison. On a trois années de chantier en pause à relancer…

D’ailleurs, je vous laisse, faut que j’y retourne, la pause est finie !

 

Je suis Cécile, slasheuse créative. J’alimente gracieusement ce blog depuis 2006. Vous pouvez aussi me suivre sur Instagram, Youtube ou Pinterest.
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