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Faire un jeu de morpion

En me lançant dans l’écriture de cet article, je fais un voeu pieux. Pendant votre lecture, si vous pouviez rire autant que moi j’ai rigolé en organisant cette activité avec ma copine Marie-Golotte, ben ce serait déjà une vraie bonne chose de faite pour fêter 2009 ! Ce fut l’opération la plus galère du monde à mettre en place mais dediou, qu’est-ce qu’on a ri 😀 ! Oki, peut-être pas au point de recommencer mais ce qui est pris n’est plus à prendre, il paraît 🙂 !

Bref, si vous voulez savoir comment une idée charitable (faire réaliser un jeu de morpions à de charmants élèves de CP) s’est transformée en truc de fou, ben va falloir cliquer sur “lire la suite” 😀 !

Avant tout, je tiens à remercier de tout mon coeur Marie-Golotte, qui n’a pas baissé les bras, ni changé d’humeur au cours de notre mission ! Pis un merci aussi aux deux autres Marie qui se sont laissées également embarquer dans nos délires :).

Mais commençons cette histoire de Noël par le début. Il y a deux ans, quand mon fils était en CP, je m’étais proposée pour animer un atelier de bidouillage avec les élèves de sa classe de CP. On avait réalisé de magnifiques dragons en papier mâché. Forte de cette expérience plutôt sympa,  j’ai proposé à Marie-Golotte de retenter une opération similaire dans les classes de nos filles. Alors déjà, vous pouvez lire la marque du pluriel. Oui malheureuses, j’ai bien dit LES classes. Car si nos filles sont en CP et sont les meilleures amies du monde, elles n’étudient plus dans la même classe (mon intuition de mère me suggère que cette décision des maîtresses est probablement liée à l’amitié charmante et néanmoins bruyante de nos fillettes). Quoi qu’il en soit, nous voici face à 45 élèves à gérer.

Pourtant, ce n’est pas à ce moment là de l’histoire où on perd le moral. Là, on est plutôt partantes, on se dit qu’on est deux adultes, qu’on en a maté d’autres (et des plus grands…).

Concrètement, à ce stade, on en est au moment où on cherche une idée à leur faire faire. A la base, on souhaitait qu’ils réalisent des bonhommes de neige grâce à des chaussettes blanches rembourrées. Mais considérant que demander des chaussettes aux parents allait sans doute être difficile, on a voulu se simplifier la tâche et on a bifurqué sur une autre idée. La mienne pour être précise. Je revenais de chez Muji où j’avais acheté ce magnifique jeu de morpion en bois (celui de la photo ci-dessus). Les pièces représentent des moutons et le tout tient dans un charmant sac en tissu.

Avec Marie-Golotte, on regarde attentivement les moutons et on se dit que c’est assez simple à reproduire : un bout de bois entouré d’un fil de pâte Fimo et hop, le tour est joué. Emballées, on présente le projet aux maîtresses qui acceptent avec diligence et reconnaissance.

Là c’est le moment de l’histoire où on est fières d’être des mamans engagées dans la vie de l’école… On sent nos ailes qui poussent dans le dos, l’auréole qui monte. La canonisation n’est pas loin. Vive nous !

Bon, maintenant qu’on s’est engagées, faudrait pas voir à botter en touche.

On tente de s’organiser. On se met à compter le nombre de pions qu’il nous faut. Tiens, il y en 10 par jeu. Ah bon. Tant que ça ? Voyons, 10 x 45 enfants, ça ne fait que… 450 moutons à réaliser. Ah quand même. Bon. Une paille quoi. C’est à cette étape de calcul mental de haute volée qu’à du sortir de nos bouches un timide et premier “je crois que ça va être un peu galère”…

Néanmoins, on se ressaisit aussitôt et je file chez Castorama où il y a tout pour moi. J’achète 5 tiges en bois circulaires de 2 mètres. On n’aura qu’à les découper en petits rondins de 3/4 cm. Ca fera la base du mouton.

Avec Marie-Golotte, dans ma salle de bain encore en travaux, on déballe la scie sauteuse et on se lance dans de grands travaux de bûchonnerie (oui c’est un nouveau mot. Je l’assume car il rime assez bien avec “cochonnerie”, petit vocable résumant pour le moins le fond de notre pensée à cette étape là…). Une putain de cochonnerie même. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de découper 450 morceaux de bois avec une scie sauteuse alors que la tige du bois en question est souple comme le roseau MAIS néanmoins cassante comme le chêne (et en même temps, si vous n’avez jamais essayé, je ne peux pas vous en vouloir, ça prouve que vous êtes sains d’esprit vous) … ben nous, on peut vous dire que c’est une juste du grand n’importe quoi.

Nan mais regardez moi ce bronx… Nos bâtonnets ne ressemblent à rien. Ils n’ont pas la même taille, il y en a un sur deux qui est fendillé et aucune de nous deux n’a envie de les recompter pour connaître le nombre de ceux utilisables. Autant vous dire qu’à ce moment de l’histoire, les “pfffff, putain, le plan galère” commencent à fleurir, entrecoupés de fous rires nerveux !!

Pour que nos moutons aient une bouille ronde, on se décide à poncer les morceaux de bois. Je demande à Cédric de sortir sa machine en lui expliquant notre objectif. Il se marre un grand coup, obtempère et s’installe près de nous pour profiter du spectacle.

Au bout de deux minutes, on a fait trois magnifiques bâtonnets et on est plutôt contentes de nous ! Il est presque minuit. Cédric nous demande combien de temps on compte encore bricoler. D’un haussement d’épaule, on lui explique qu’on en a encore pour une demi-heure et zhou, ensuite on file au dodo. Mon cher et tendre époux, l’amour de ma vie, le père de mes enfants, mon plus fidèle ami, mon soutien indéfectible… bref ce mariole cet être merveilleux part à ce moment là dans une crise de rigolade, genre le truc énervant, même pour nous qui pourtant rions aux larmes depuis un bon moment. En bon rire contagieux, tout le monde est explosé de rire, sauf qu’il y en a deux sur trois qui ne savent pas pourquoi. Et là, il nous explique qu’à raison de deux bâtonnets poncés par minute, si on doit en faire 450, nous nous sommes lançées dans presque quatre heures de ponçage non stop.

Croyez-moi ou pas, ça a calmé direct le fou rire collectif. Enfin, surtout le nôtre… Cédric, il suffit que je dise le mot “ponçage” pour qu’il reparte en rigolade au quart de tour, même encore maintenant. Tsss, cet homme là n’a pas de coeur.

Nous, on faisait plutôt une tête comme ça.

Entre deux crises de rire, Cédric nous demande pourquoi on ne prendrait pas des tourillons à la place.

Nous : des tourillons ?

Lui : ben oui, les petits bâtonnets en bois de 3/4 cm, à bouts ronds, qui servent normalement à faire des assemblages de meubles en bois.

Bref, ce que j’ai déjà utilisé dans la construction de ce meuble là.

Nous : arggggggg…. Nan mais pourquoi tu ne nous en as pas parlé avant ! Mais quel plan looooooose ce projet 😀 !!

Bon, poubelle nos machins en bois ??? En vrai, je n’ai même pas été capable de les jeter. Esprit de récup hein… mouais… surtout les grosses bouboules je crois.

Pfffff, mais quelle bande de nulasses on forme 😀 !

Heureusement, on n’a pas tout loupé. En fait, avec le soutien technique du boulot de Marie-Golotte, on a même pris un peu d’avance, tout en gagnant en qualité. En effet, les plateaux de jeu, on comptait les faire en carton. Ben figurez-nous qu’un de ses collègues s’est laissé attendrir et a fabriqué 45 plateaux en bois pile poil à la bonne dimension. Moi je dis que la vie est drôlement chouette quand même !

Bref, armées de nos tourillons, de nos plateaux et de notre bonne volonté, on s’est présentées en classe de CP. On a commencé à installer le matos. Marie-Golotte se charge dans un premier temps de l’activité “je peinturlure mon plateau” tandis que je me lance dans l’activité Fimo avec les autres enfants. Bien entendu, on n’accepte les petits monstres élèves qu’en groupe de 10, maximum.

J’ai sorti la machine à pâte pour l’occasion, ça permet de faire rapidement des spaghettis de Fimo qui servent au lainage des moutons. Et ça fait bien plaisir aux enfants.

Et zhou, la tornade commence. Au milieu d’une ruche bruyante et excitée, les deux reines mères font ce qu’elles peuvent. Les plateaux se parent de magnifiques couleurs.

Niveau Fimo, on se rend compte très vite que le plan galère continue… A la base, on voulait leur faire faire ça, soit un mouton plutôt sommaire mais facilement réalisable. Un fil de Fimo à enrouler autour du bois, ça nous semblait à la portée de CP.

Ben point du tout. En fait, il y a autant de techniques que d’enfants. Et je ne vous parle pas des différences de concentration, de patience, d’envie… Là, on entre dans des délires dignes de Kafka !

A leur décharge, la Fimo ne colle pas terrible sur le bois, ça ne facilite pas un travail de précision…

Parmi ceux qui s’appliquent, on arrive à obtenir des moutons blancs d’allures honorables.

Mais dans l’ensemble, la tendance forte de la mode chez le mouton en Fimo, c’est le plaquage de lainage, façon gourdin ! Je crois qu’il va falloir les yeux perspicaces d’une mère pour comprendre que derrière ces deux massues se cachent d’adorables bovidés. Je les vois pas bien faire bêêêê ceux là…

Avec Marie-Golotte, à la fin, on arrivait vite à savoir si l’enfant allait engendrer des moutons à poils longs et frisés.

Ou des Magnum à poils courts :D. L’avance, c’est qu’à ce stade de l’histoire, on est plus dans la rigolade attendrie que dans les lamentations. Y a pas à dire, les enfants, c’est quand même marrants ces petites choses là !

Regardez cette magnifique production ! C’est mignon tous ces pions alignés famille par famille. Pour la cuisson, ça a été moins mignon à gérer. Je vous passe le transport bien galère, la cuisson à pas d’heure, puis les petits sachets à remplir pour regrouper les créations enfant par enfant, sans oublier de mettre une étiquette avec le prénom de l’enfant dessus. Le truc bien prise de tête.

Au bout d’une 15aine d’enfants, on s’est retrouvées en panne de noir et blanc. On est donc partis dans des couleurs moins moutonnesques !

Ce n’est pas mignon ces moutons psychédéliques verts et bleus ? Certains, on dirait des gourdes d’eau je trouve ! A chaque fois qu’on peut, avec Marie-Golotte, on remet un peu de pâte Fimo pour fignoler leurs réalisations. Sur plein de moutons à poils courts, on rajoute des fils de Fimo, histoire d’apporter un peu de volume à l’ensemble.

Cela dit, vers la fin, on sent qu’on se relâche dans le retouchage des gourdins, parce qu’il manque parfois de la pâte aux deux extrémités. Du coup, en matière de mouton, parfois on se demande où il est le culcul, où elle est la tê-tête…

Bref, on est sorties sur les rotules de la séance mais je crois que les enfants ont beaucoup apprécié. C’est déjà satisfaisant ! Le soir, on se décide à mettre des pieds aux moutons. On choppe des cure-dents qu’on coupe en quatre et hop, on tente de les planter dans la pâte. Sauf qu’il n’y en n’a pas assez, les pics ne tiennent pas. Pis même quand ils tiennent, le mouton est bancal. Le retour du plan galère. Le vrai. Le pénible.

Du coup, on adapte le plan B, à savoir des petits boudins de Fimo. Enfin, soyons honnêtes. A une heure du mat, les idées de calculs du temps de Cédric sont revenues en force. A coup de 4 pattes par mouton et de 10 moutons par élèves, je vous laisse imaginer le temps que ça prend. Même avec deux Marie supplémentaires pour aider ! Donc, j’ai le regret de vous annoncer qu’une partie des moutons a des pattes. L’autre demeure avec un karma de gourdin !

On emballe les jeux (et là, je ne vous dis pas à quel degré de poussière est notre envie initiale de coudre 45 adorables petits sachets en tissu…) !

On donne le tout aux maîtresses ! Ouf, il était temps, les vacances arrivent, tous les élèves vont pouvoir déposer leur cadeau au pied du sapin ! On n’y croyait plus…

Voici donc la réalisation de ma fille, ravie au possible de son travail.

Quant à Marie-Golotte et moi nous ne savons pas si on va se relancer de sitôt dans ce genre de projets…

Et vous, vous lancez parfois des défis à la con ?

Je suis Cécile, slasheuse créative. J’alimente gracieusement ce blog depuis 2006. Vous pouvez aussi me suivre sur Instagram, Youtube ou Pinterest.
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Voir les commentaires

  • Bonsoir Cilou,

    Je voulais simplement te dire que je suis (verbe"suivre" lol de prêt) ton blog depuis plus d'un an !! 1ère manifestation ce soir !!wahou !
    J'adore ce que tu fais, moi aussi je fais beaucoup de travail manuel et cuisine, mais j'avoue que tu es ...genre....mon model !! allez une tite couronne pour toi....aprés tout c'est le mois des galettes ! lol

    Je te souhaite beaucoup de bonheur pour la suite, garde ton humour, ta joie de vivre....bref reste comme tu es quoi !!!

    A bientôt !

    Bisous

    Orel

  • Me too, j'ai bien rigolé et je laisse ma place pour remplacer la maîtresse même si ce n'est que pour une demi journée ! :-)

  • merci pour ce beau fou rire !!! C'est vrai que desfois on se lance dans des plans galères, mais difficile de reculer ... Bravo d'avoir été jusqu'au bout, j'ai la pêche aujourd'hui grâce à ton article, merci !

  • Pari réussi !!!! Je commence l'année (et même la journée) en me marrant à la suite de la lecture de ton article. Il est vrai que des fois, on s'embarque dans des histoires, qu'on pensait simple à la base et qui s'avère très vite galère. Mais ton idée était très honorable !!!
    Ne jamas baissé les bras doit être ta devise et c'est tout à ton honneur. Heureusement que tu avais l'aide de Marie-Golotte

  • bien rit aussi :) moi je dois faire un tretaained e foulard pour la classe de mon grand et sans doute un autre projet couture, j'attends de savoir, mais ses sera moins drole que toi

  • En ce qui me concerne je me serais arrêté au comptage initial des 450 moutons... et j'aurais fait des photophores :D mais toi t 'es une warrior !!!!!

  • Je me suis bien marrée oui :) !! Et pour les défis à la con, pas spécialement, mais je me rends compte que ce que je peux trouver simple parfois ne l'est pas forcément ^^

  • heu du genre de celui-là ? non pas vraiment !!!! Chapeau d'être allé jusqu'au bout en tout cas !!!

  • Moi, j'ai fait faire des boules de noël en serviettage à des maternelle de toute petite section... ( ça semble facile... mais non ;) )Et j'ai aussi accueilli dans mon atelier une classe de 3e dans le bâtiment pendant leurs heures de découverte des métiers .... ( ça semble facile... mais non ;) )...

    Et sinon, les moutons sont des ovins... pas des bovins :P

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