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Atelier de teinture végétale

Je me suis rendue il y a quelques temps à Paris, rue Jean-Pierre Timbaud, chez Our Whole Concept où j’ai suivi un atelier de teinture végétale pendant une matinée entière. Je n’avais jamais expérimenté ce genre d’activité. Bien-sûr, j’avais déjà teint des morceaux de tissus, comme par exemple pour réaliser cette lampe en dentelle mais à chaque fois en utilisant de la teinture industrielle, achetée au supermarché. Or, vous vous en doutez, le principe d’un atelier de teinture végétale est d’arriver à colorer du tissu en se servant exclusivement de ce que nous prodigue la Nature (et vous serez un ours très bien léché) (oh year…) (ne me remerciez pas pour la musique dans votre tête).

Le cours a commencé par de la théorie, et il faut avouer que c’est nécessaire. Clairement, la teinture végétale ne s’improvise pas. J’ai appris plein de choses et j’en ai oublié tout autant. Je vais tâcher de vous restituer ce que j’ai retenu, mais n’hésitez pas à suivre l’atelier par vous-même si vous en avez l’occasion, c’est quand même bien plus efficace, gratifiant et personnel.

L’animatrice nous a fourni un carnet avec des explications et des exemples de plantes utilisées pour changer la couleur des fibres. On a fait le tour des différentes choses qu’on imagine pouvoir entrer dans la marmite des teinturiers bios… Betterave et choux ? On oublie. Moi j’aurais parié que c’était des colorants hyper puissants mais non, visiblement ça ne tient pas. En revanche, on peut compter sur les mûres, les avocats, la cachou, les oignons…

Sachant que le même ingrédient peut permettre d’obtenir des teintes variées.

Quand on utilise la nature pour colorer des tissus, on apprend tout le temps. Des autres bien-sûr (vive Internet et la littérature), mais également de soi, de ses expérimentations. On fait des tests, on compare les réactions des différents tissus dans différents bains à différentes températures, etc… C’est un boulot de dingue (et donc de passionnés). Il y a de l’herboriste, du savant fou, de la patience de parent et de la sorcellerie dans tout cela.

Dans l’atelier, des plantes sèchent à l’air tandis que des morceaux de tissus attendent de se faire une beauté bio. Les teinturiers utilisent indifféremment des plantes fraiches ou sèches, la seule variable est alors le poids dont on a besoin. Il faut le double de produit frais pour obtenir le même résultat qu’avec un produit sec.

Truc logique mais que je n’avais pas forcément anticipé, il existe des couleurs primaires naturelles. Ainsi, pour obtenir le jaune le plus lumineux, on utilise de la Gaude (ne me demandez pas à quoi ça ressemble, j’ai découvert des noms de plantes toutes les 5 minutes).

Pour le rouge, c’est la garance qui fait référence. On se sert de ses racines et à une époque, il existait une énorme exploitation de cette plante en France pour teinter les belles robes des belles dames (qui avaient de belles fortunes).

Enfin, pour le bleu, on puise dans l’indigo ou plutôt dans les plantes à indigo, celles qui contiennent de l’indigotine donc. Parce qu’en fait, l’indigo, ce n’est pas une plante, c’est juste le nom d’une couleur. Et ça a l’air bien galère à extraire.

Autre chose que j’ai apprise et qui me semble un peu foufou, c’est que le vert est impossible à obtenir. Il n’existe pas dans la nature (entité qui est quand même la championne de la verdure) de plantes qui permettent de créer du vert ! Dingo non ? En faisant des mélanges, on y arrive forcément (le bleu et le jaune, toussa toussa), mais sinon, pas de solution naturelle !

Pour le noir, on se sert de tanins, qui sont les substances fabriquées par les plantes pour se protéger, avec des propriétés astringentes. Ils réagissent avec le fer et permettent d’obtenir le noir.

Encore une chose que je ne savais pas (m’enfin, je ne savais pas grand chose à ce sujet…) : les fibres des tissus, de la laine, de la soie, etc… n’ont pas les capacités de retenir les couleurs et de les fixer. Il faut alors rajouter une étape préalable qui s’appelle le mordançage, où on plonge les tissus dans un mélange de sels métalliques (on parle de mordants, d’où le mot mordançage). Ce bain est indispensable à quelques exceptions près. Les mordants sont assez nombreux. On peut utiliser de l’alun, du cuivre, du tartre, de l’étain… sachant que tous font réagir les teintures différemment, en fonction de la nature des fibres et du mordant choisi.

Vous le voyez, c’est quand même un peu compliqué, il faut penser à plein de choses en amont avant de se lancer dans la teinture végétale de sa jolie nappe… Ça ne s’improvise pas totalement. Et même après, je crois qu’on a souvent des surprises…

Sans parler que quelques plantes ont assez de tanins en elles pour se passer de mordançage, comme l’avocat ou les plantes à indigotine. Bref, teinturier végétal, c’est un métier.

Trêve de théorie, passons à la pratique ! Nous avons préparé quelques bains différents. Ici de l’avocat donc.

Mais également des pelures d’oignons et de la cajou (je crois, je ne sais plus en fait…). On a fait chauffer afin de faire “juter” les plantes qui infusent.

La prof avait préparé à côté une grande poubelle d’indigo. Ça ne ressemble pas à grande chose ce truc, on n’imagine pas les beautés qui dégageront de ces bains de gadoue successifs.

D’ailleurs, c’est une particularité de l’indigo. Contrairement à la majorité des processus de coloration où on plonge le linge dans le jus et où le temps joue sur la profondeur de la couleur obtenue (plus ça baigne, plus c’est foncé), l’indigo a besoin d’être aéré. On plonge le tissu et on le ressort quelques secondes après car l’oxygène joue un rôle dans la révélation du bleu. On plonge, on aère, on plonge, on aère, on plonge… etc.

L’indigo n’a pas besoin de tissus mordancés. N’importe quel chiffon gardera la teinte.

Alors on expérimente sur des tas de carrés de tissus, de laine, de soie… C’est assez jubilatoire, de ces joies qui viennent de l’enfance. Les activités manuelles. La création. Le petit côté cracra et le grand côté magie…

On met à sécher nos carrés colorés. C’est rigolo de voir les différentes tentatives des filles de l’atelier. C’est varié non ?

Je vous montre mes trempouilles à moi. J’ai plié mon morceau de coton pour la tache jaune/verte et les carrés blancs du tissu à droite sont dus à la pince à linge que j’ai utilisée pour maintenir le tissu plié.

On s’est également essayé aux pliages japonais, ceux qu’on appelle le Shibori. Cet art ancestral consiste à plier, nouer, ligaturer les tissus avant de les tremper dans le colorant. En japonais, Shibori signifie « tordre en serrant ». Nous on dit plutôt Tie and dye, à l’américaine. Si vous cherchez sur Pinterest, il y a plein de méthodes pour obtenir des motifs particuliers. Ça marche avec tout type de teinture, pas besoin d’utiliser forcément de la teinture végétale.

Les résultats sont aussi variés que les tentatives.

J’ai également utilisé une technique de “pochoir” avec de l’argile.

On dessine au préalable sur son tissu, on laisse sécher.

Et ensuite on passe dans les casseroles…

Voilà le rendu, une fois sec. Ce n’est pas très précis, mais c’est pour faire des tests justement…

Le rendu final de ma teinture végétale

Je finis par mon totebag qui est la pièce maitresse (ahum) du cours. On a le choix entre différents trucs à customiser et à emporter chez soi ensuite. J’ai pris le sac mais j’aurais pu également choisir les torchons ou je ne sais plus quoi.

Voilà pour ce cours de teinture végétale. Je le recommande fortement. Pas tant pour la professionnalisation. Personnellement, ça m’a plus freinée dans l’idée de faire mes teintures bio qu’autre chose (ça me semble trop compliqué), mais dans l’esprit d’essayer, de comprendre, de manipuler. C’est toujours très plaisant et gratifiant au niveau du bien-être et de la culture générale.

J’adore les ateliers, quand bien même j’en ressors convaincue que ce n’est pas pour moi. J’adore essayer, j’adore expérimenter. Je n’ai aucune envie de spécialisation. Touche à tout me convient parfaitement. Si j’avais les sous, je pense que je me ferais plusieurs ateliers par mois.

Celui de Our Whole concept est en plus situé dans une charmante pièce, avec la boutique en premier plan et l’atelier de sorcière au niveau de la cuisine, au fond.

Avant de partir, j’ai admiré les produits vendus dont les couleurs sont toutes réalisées avec de la teinture végétale, soit que la laine ait été teinte avant d’être tricotée, soit que le produit fini ait été plongé dans des bains de sorcière pour lui apporter ces jolies douceurs pastelles… Faut un petit budget pour certaines, mais je suppose que c’est le prix du fait main :).

Ça vous a plu ce retour d’expérience ? N’hésitez pas à me donner vos réflexions au sortir de la lecture de l’article :).

J’ai acheté un kit pour teindre des torchons chez moi. Ça devrait faire un sujet de prochain article si ça vous plait.

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Voir les commentaires

  • ca n'a pas l'air super facile, en effet, mais le rendu est tellement chouette ! ca vaut le coup de tenter l'experience !!

  • Effectivement un vrai bonheur d'explorer les possibilités offertes. Un vrai retour aux tambouille de sorcières de l'enfance. Que du bonheur.. .merci pour cette belle découverte

  • Ah chouette idée! le rendu est top, bon comme toi je pense qu'au quotidien je ne prendrais pas le temps de faire tout ça mais au détour d'un atelier j'aimerai beaucoup!

  • Je pensais la teinture beaucoup plus simple que ça et en effet on ne peut pas le faire forcément à la maison… merci pour toutes ces infos. Bonne journée

  • Mixture un peu "dégueu" au départ mais le résultat est sympa; cela donne envie de travailler des matières comme le lin, so"écolo"! Bonne journée, Cilou!

  • Ça a l'air vraiment super intéressant comme atelier.
    Avant la lecture de ton article, je me rends compte que je ne connaissais rien non plus car j'aurais cité la betterave pour teindre des tissus !

  • ça a l'air chouette comme atelier.
    mais c'est vrai que ce ne doit pas être évident à réaliser ...
    sympa le sac en tissu,
    les couleurs ne partent pas au lavage ?

  • Une de mes copines de la calligraphie fait plein de trucs comme ça, elle a commencé un livre calligraphié et dessiné sur les plantes tinctoriales (ou juste colorées) qu'elle illustre de toiles teintes avec la plante, j'adore!

  • Très sympa comme idée ! Mais je suis comme toi, je pense qu'il faut soit tomber toute petite dans la marmite, soit avoir un coup de foudre et le mental qui suit après pour continuer seule.
    Je suis partante pour voir plus tard ce que donnera ton kit pour teindre les torchons !

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