Journaliste, si je le veux bien !

Aujourd’hui, j’ouvre une nouvelle catégorie d’articles qui n’a rien à voir avec les bidouilleries de mon blog mais qui en découlent. Depuis que je tiens Ciloubidouille.com, je suis souvent interpellée par différents phénomènes. Parfois, j’ai envie de prolonger la réflexion avec vous. Par exemple, je reçois régulièrement des mails de gens qui me demandent de collaborer avec leur marque en écrivant un article chez moi ou chez eux.

Et ça me fait réagir à plus d’un titre. Je ne prétends pas avoir la vérité suprême, je vais simplement vous exposer mon opinion du moment sur cette thématique là, pour qu’on en discute ensuite.

Le thème du jour sera donc : est-ce que le bloggeur peut être un vitrine pour les marques qui le concernent ? Faut-il suivre tout ce qui brille ?

Bon, je ne sais pas trop par quoi commencer. On est en plein dans une tendance actuelle forte où les internautes deviennent une proie facile pour les publicitaires, soit qu’ils surfent sur des sites populaires, soit qu’ils tiennent carrément ces sites.  De nos jours, on peut ouvrir aisément son blog pour mettre en avant ses talents particuliers. Certains ont une prose truculente, d’autres font de magnifiques photos, certains sont les rois du shopping virtuel et dénichent les tendances du moment, d’autres fabriquent des objets uniques ou accumulent les articles sur un domaine particulier jusqu’à devenir expert de celui-ci.
Je ne peux pas faire la liste des talents de tous mais vous comprennez l’idée.

La démarche première du bloggeur est sans doute d’avoir une vitrine pour exposer ses compétences et les partager à un maximum de gens. Parfois certains bloggeurs en font leur métier et récupèrent des sous, soit en vendant leurs créations, soit en mettant de la pub par exemple. D’autres acceptent également d’écrire ce qu’on appelle des articles sponsorisés, c’est-à-dire des billets rémunés.
Dans ce cas particulier, ils sont souvent contactés par une agence ou par l’annonceur directement et ils recoivent une somme prédéterminée pour rédiger un article qui parle de la marque ou d’un produit spécifique. Les bloggeurs ne sont pas forcément tenus d’écrire le truc le plus hypocrite du monde, ils doivent juste dire ce qu’ils pensent du produit. Mais bon dans les faits, l’article est quand mm souvent élogieux, d’une parce que la marque, si elle a bien fait son job, s’est tournée vers un bloggeur en adéquation avec son produit. Et de deux parce qu’il n’est pas évident de dire du mal de la main qui nous nourrit.

Personnellement je n’ai rien contre ce genre de billets, surtout s’ils sont bien ciblés, et donc s’ils peuvent plaire au public du blog en question. Après tout, moi la première, je serai tentée d’établir un partenariat avec une marque sympa de cuisine qui me fournirait du matos que je testerai. Je trouverait ça malin et bénéfique pour tous, moi, la marue et vous. Attention, à mon sens la démarche doit etre explicite, c’est-à-dire que le bloggeur doit préciser qu’il s’agit d’un billet sponsorisé. Un peu comme pour les publi informations. Ensuite au blogueur de faire son travail pour que l’article (ou son blog) ne devienne pas un lieu promotionnel bête et méchant.

La où il y a des dérives c’est quand les annonceurs cherchent à passer outre la barrière financière et s’offrir le travail des blogueurs gracieusement ou presque. Et on reçoit de plus en plus de mails dans ce genre. Ca part d’un peu de flatterie, ça s’appuie sur le besoin de reconnaissance de tout un chacun. On est content de savoir que la marque machin chose suit notre blog avec un “intérêt croissant”, qu’elle adore notre travail et que du coup, gentille comme elle est, elle veut bien nous laisser parler d’elle. Merci madame…
En fait toutes ces marques demandent aux blogueurs d’être les nouveaux journalistes produits. En temps normal les attachés de presse auraient démarché des journalistes papiers. Ils n’auraient pas payés les journalistes non plus (enfin si on veut parce les cadeaux par ici, les restaus par là, le copinage éhonté, etc.,  sont monnaie courante) simplement parce que c’est dans le cadre de leur métier. Les journalistes ont besoin d’infos pour tenir leurs chroniques et les attachés de presse cherchent à accumuler les papiers traitant de leurs produits.

La différence avec le web, c’est que les blogueurs n’ont pas pour vocation de relayer ces infos gratuitement. Ce n’est pas leur métier, ils ne sont pas salariés pour cela. Mais comme les blogueurs sont flattés, comme c’est nouveau pour eux, ils acceptent.

Je ne juge pas ceux qui le font parce qu’on peut aussi avoir de très bonnes raisons d’accepter de promouvoir un produit gracieusement, pis parce que on peut négocier une rémunération différente. Un lien d’un site à gros trafic qui renvoie vers le site, ça vaut des sous. Je ne parle pas du fait que les blogueurs peuvent aussi vouloir faire plaisir à un contact sympa, vouloir se faire plaisir, etc… Simplement il faut accepter cette démarche en toute connaissance de cause, sous peine de voir sa gentillesse escroquée.

Je ne condamne pas non plus les entreprises qui se lancent dans ce genre de séduction, néanmoins je pense qu’il faudrait que certaines arrêtent de manipuler les gens. Je veux bien qu’elles s’essaient au réequilibrage d’opinion ou même à la cyber promotion de leurs produits mais je préférerais qu’elles utilisent les blogueurs comme une occasion de faire un travail de marketing différent, une étude de marché par exemple, qu’elles acceptent que les critiques soient négatives pour progresser, quitte à intervenir si elles estiment qu’on s’est trompé, qu’on n’a pas vu le potentiel du machin. Je trouverais infinement plus sympathique, plus intelligente, plus légitime, plus humble aussi, une marque qui prendrait la parole sur un blog pour défendre son bout de gras. Je la prendrais davantage en considération que celle qui a placé son truc comme on place sa montre dans un film, les sous en moins.
Faut vivre avec son temps, c’est vrai. Or en 2008, les gens se tournent vers Internet pour se forger une opinion sur un produit. Ils ne croient plus en la pub, ni même plus trop en la presse. Ils préfèrent l’avis de leurs pairs, des gens non susceptibles d’être achetés. Grave erreur d’ailleurs… Avant, quand tu achetais un produit, tu demandais l’avis de ton voisin qui avait le même ou tu lisais la presse adéquate. Maintenant tu tapes le nom du produit et tu recherches des commentaires sur le sujet. Et sans aucun recul (ou beaucoup moins) tu te fais à l’avis des gens que tu lis. Comme si parce que c’était écrit sur Internet, c’était juste. Hier, pour le clin d’oeil, j’ai cherché la taille de Jacques Chirac. Ben j’ai trouvé tout et n’importe quoi. Au final, je ne sais pas combien il mesure, à part qu’il est grand !

Les annonceurs, du coup, cherchent à manipuler les “pairs” de façon à obtenir une promotion de leurs articles qui semblent très naturelle. On revient aux origines de la publicité, le bouche à oreille, mais artificiel cette fois-ci. Le fameux buzz… Je ne crache toujours pas dessus, c’est mon métier de faire des trucs comme ça.

Je vais vous parler d’un cas précis. Mon cousin, en plus d’être beau comme un dieu, fait de jolies photos. Comme c’est un jeune homme de son temps, il les charge sur flickr et pousse même la perfection jusqu’à les tagger (ce que tout le monde oublie de faire et c’est mal). Du coup, en tapant le nom d’une ville dans l’outil de recherche de flickr, une agence est tombée sur une de ses photos. Elle a contacté mon cousin pour lui demander combien ce dernier était prêt à lui vendre ce cliché. Le côté positif de cette démarche, c’est déjà que l’agence ait pris le soin de demander les droits. On en connait qui aurait simplement piqué la photo pour leur catalogue en serrant les fesses afin que personne ne la reconnaisse.
Le côté moins glamour, c’est le principe. Normalement les agences se tournent vers des photographes professionnels pour acheter les photos dont elles ont besoin. Forcément les prix sont plus élevés. Mais bon c’est leur boulot hein et tout le monde a l’habitude de ces tarifs. Sauf que maintenant qu’il y a Internet et ses ressources infinies, les agences cherchent à récupérer des clichés pour pas cher, voire pour rien. Nombreux sont les gens qui par ignorance des prix pratiqués vont accepter une somme dérisoire, ou même vont donner gracieusement les droits de leurs photos. Et ce sont les agences qui se sucrent sur leurs dos (je ne parle même pas de la profession des photographes qui souffre).

C’est la même chose pour les billets sponsorisés. Dans les mails qu’on reçoit, c’est la marque qui te fait une saveur. Tu es sélectionnée parmi une poignée de blogueuses et on “te permet” de parler d’un sujet prédéterminé. Bien sûr, aucune notion d’argent là dedans. Ni même d’échange de liens (encore que là, c’est souvent oui quand même, ça ne coûte pas cher et c’est le minimum syndical).

Je n’ai pas la solution. On peut refuser de participer, et ils trouveront forcément une autre blogueuse pour faire l’article à notre place. On peut accepter mais en demandant des sous (un billet sponso selon ton trafic, ça peut aller jusqu’à 500 euros). On peut aussi accepter en ne demandant rien, et en espérant qu’en contrepartie, on aura donc des liens ou de la visibilité vers notre blog. Tout est envisageable. C’est juste qu’il faut savoir ce qu’on veut faire NOUS de NOTRE blog.

A nous de voir si on y trouve notre compte ou pas.

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Je suis Cécile, slasheuse créative. J’alimente gracieusement ce blog depuis 2006. Vous pouvez aussi me suivre sur Instagram, Youtube ou Pinterest.

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