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Kintsugi, l’art de réparation japonais, symbole de résilience

Sans doute avez-vous déjà entendu parler du Kintsugi, cet art japonais qui consiste à réparer les porcelaines et autres céramiques à partir de couches de laques successives et, in fine, de poudre d’or. C’est à la fois une technique qui demande un vrai savoir-faire mais aussi une pratique considérée par beaucoup comme un symbole de résilience. On ne souhaite pas retrouver l’état d’avant. C’est l’inverse. On ne cherche pas à cacher ses fêlures, on les sublime…

 

J’ai suivi un cours avec Eugénie qui est la reine des ateliers tsukumogami via les cours de wecandoo. Zéro sponso encore, je n’ai AUCUN lien avec eux. J’en parle parce qu’en papotant avec Eugénie, j’étais hyper heureuse de l’entendre me dire que cette société traitait hyper bien les artisans. Elle m’expliquait qu’ils prenaient une commission sur ses ateliers, bien-sûr, mais pas hyper importante, normale quoi. Ils géraient les annulations, les réclamations, bref, les emmerdes ^^ ! Et ils organisaient régulièrement des rencontres avec leurs artisans.

Ça fait plaisir de savoir que ce n’est pas une simple boîte à fric comme on en croise parfois et je me suis dit que ça se partageait comme info. Surtout que je vous ai déjà fait deux articles sur les ateliers créatifs originaux (et ceux qui boostent votre créativité) où je les cite parfois… Ouf ^^ !

Eugénie a eu plusieurs vies comme beaucoup. Elle est céramiste, possède une formation de Kintsugi, parle et lit le japonais. Et on peut assister à ses ateliers qui sont à Montreuil.

Art du kintsugi

Le principe du Kintsugi vient du Japon et pour la petite histoire, il serait apparu suite à une exigence d’un général du 15ème siècle, Ashikaga Yoshimasa. Le monsieur avait un vase précieux venu de Chine qu’il adorait. Quand celui-ci s’est retrouvé cassé, il l’a renvoyé en Chine pour réparation. Après de longs mois, le précieux est venu mais simplement agrafé. Fâché que la solution chinoise soit pire que la cassure, il demanda à ses propres artisans de trouver une solution.

Ceux-ci puisèrent dans une technique depuis longtemps maîtrisée au Japon, la laque. Je suppose que vous avez déjà croisé des objets laqués, typiques de l’Asie. Je me souviens d’avoir visité une société de réinsertion à Siem Reap au Cambodge. J’en avais parlé à la fin de mon article et j’avais dit être impressionnée par la méticulosité et la patience demandée.

Ben pour le Kintsugi, c’est pareil. Réparer une pièce demande un temps infini. Il faut passer plusieurs couches de laque, avec un temps long de séchage à chaque fois. C’est un art minutieux, lent, précieux…

Même la laque demande beaucoup de patience à obtenir. Elle provient de la résine du laquier et chaque arbre ne peut fournir que 250gr de laque par an, car plus de prélèvement le tue. Ce produit a beau être naturel, il est extrêmement irritant. Son application n’est pas sans danger.

Bref… Eugénie m’a dit qu’entre le moment où un client lui confie une pièce et le moment où il a le droit de la récupérer et de l’utiliser, il peut se passer un an…

Autant te dire qu’on n’a pas pratiqué à l’ancienne pendant les deux heures de l’atelier.

Atelier Kintsugi pour les nuls ^^

L’idée est la même. La réalisation pas du tout. Et c’est très bien aussi.

Eugénie nous a fourni le matos de départ. On pouvait venir avec ses objets cassés mais moi je n’en avais pas sous le coude. Et je n’allais pas péter un truc volontairement…

Truc cool, comme Eugénie est céramiste, elle prépare des pièces en amont et elle leur donne déjà ces jolies courbes en cuisant à part les deux pièces. Parce que sinon, c’est assez dur d’avoir un serpent bien sinueux quand tu pètes une assiette.

La première étape, comme souvent, c’est la préparation. On protège avec du masking tape le long de la fissure.

Le matériel pour recoller

Comme je vous l’expliquais plus haut, on ne colle pas à la laque. On utilise une résine à prise rapide. C’est de l’epoxy, donc de la résine. On l’achète en deux tubes, comme ça :

ou comme ça :

On pose une noisette de chaque tube sur un carreau de carrelage, ou un truc dont on se fout de récupérer. On mélange bien avec une spatule jetable en bois. Il faut absolument que le contenu des deux tubes soit bien amalgamé. Et ensuite, on tartine sur une des tranches de la soucoupe. Pas besoin de beurrer les deux.

Et là, on fait comme mon amie Céline, on poireaute 5 minutes en tenant les éléments ensemble, dans la position souhaitée.

Perso, je ne voulais pas que ce soit totalement relié, pour jouer le jeu des magnifiques imperfections. J’ai donc tenu mes deux parties en les écartant légèrement vers le haut.

Je vous montre aussi le dos. Comme la colle en séchant se rétracte, le joint est creux. Alors vous refaites de la colle, avec à nouveau deux noisettes des deux tubes bien mélangées. Et vous retartinez pour compenser.

Finitions

Quand il y a assez de matière, vous retirez le scotch de protection, puis à l’aide d’un cutter, vous retaillez à votre goût la fissure. Vous pouvez décider de tout araser, pour que ce soit bien lisse. Moi j’ai pris le parti inverse et j’ai laissé le filet de colle bombé.

A ce stade, il ne reste plus qu’à peindre à la peinture dorée, au vernis à ongle, à ce que vous souhaitez en fait. Dans tous les cas, l’astuce est d’avoir un pinceau très fin !

Tadammm ! Et voilà ma soucoupe façon Kintsugi. Ça le fait non ?

Atelier photo 🙂

Comme souvent, j’essaye de m’entrainer à la photo, qui est selon moi, un point que je peux améliorer. J’essaye de faire des compositions qui sortent des fleurs et des torchons faussement négligés. Là je suis partie sur des figurines des DA japonais. Vous les reconnaissez ?

J’adore ces kodama, les petits esprits de la forêt japonais. Et je trouvais qu’ils attiraient bien l’attention sans trop piquer la vedette.

Mais même avec des idées, ce n’est jamais simple de trancher pour savoir quelle est LA meilleure photo :). Arrière plan flou ou non ?

Bref… Rien de grave, juste de la créativité qui s’amuse.

 

Je termine en soulignant une fois encore à quel point le Kinsugi est une belle philosophie qui s’étend facilement à des valeurs humanistes. On peut être cassé et parvenir à se réparer brillamment. On peut s’accepter imparfait, sans être obligé de paraitre tout beau, tout neuf. Les cicatrices sont des victoires, choisir de les célébrer fait du bien. Si un objet cassé devient une œuvre d’art, alors nous… Que d’infinies possibilités.

Soyez les artistes de vous-mêmes. Aimez vos fragilités et faites les briller haut et fort. Vous le valez bien.

Je termine cet article en vous proposant la lecture ou relecture de mes deux posts sur les ateliers créatifs que j’ai testés et que je vous conseille. Eux ou n’importe lesquels à vrai dire. L’idée est vraiment de s’offrir du temps pour soi et son cerveau. Si j’arrive à vous convaincre de participer à ce genre d’activités, pour vous bien-être, alors je n’aurais pas perdu mon temps :).

Je suis Cécile, slasheuse créative. J’alimente gracieusement ce blog depuis 2006. Vous pouvez aussi me suivre sur Instagram, Youtube ou Pinterest.
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Voir les commentaires

  • Très joli ! Je ne savais pas qu'on pouvait ça en mode "rapide". C'est une idée que je garderais en tête

  • Bon j'avoue que pour une fois je ne vois pas du tout l'intérêt de ce bricolage 😅 même si l'idée de fond est jolie.

    • L'intérêt premier est de réparer. Donner une seconde vie. Ensuite, on peut choisir de mettre en avant les fissures pour les intégrer. Souvent, quand on essaye que ça ne se voit pas, on n'y parvient pas. Alors là, on fait l'inverse, quitte à ce que ça se voit, on le rend joli :).

  • Je vais suggérer ça à mon mari qui a cassé sa sous-tasse rapportée de Chine et dont les morceaux poireautent sur le comptoir en attendant d'être sauvés!

  • non jamais entendu parler mais j'adore l'idée en effet
    au delà de l'objet lui même tout à fait d'accord avec tes mots pleins de sagesse

    merci pour le reportage atelier version plus rapide
    super tentant à tester en effet

    merci j'aime bien tes réflexions et personnalisations comme toujours :)

    les personnages japonais rendant les photos vivantes sont trop choux (inconnus aussi pour moi !)
    je te rejoints sur le "quelle photo choisir !"
    impossible et puis pourquoi choisir :)

    bref merci merci merci et appliquons cette philosophie dans notre vie (sans parler de ta réalisation j'adore ♥) à bientôt à suivre !!

  • C'est fou tout ce que je découvre grâce à toi !
    J'apprécie autant le tuto que la philosophie qui est associée à cet art.
    Merci pour le partage.

  • Kinsugi, c'est le nom d'un cabinet de coaching pour prévenir et sortir du burn-out . Une très belle métaphore de la vie pro .

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