Une poubelle anti harcèlement : une idée à essayer - Ciloubidouille

Une poubelle anti harcèlement : une idée à essayer

Cette idée de poubelle anti harcèlement a une histoire et je m’en vais vous la raconter.

Je ne parle pas beaucoup du quotidien de mes enfants parce que c’est leur sphère privée. Mais en accord avec ma petite dernière, j’avais envie de vous partager une scène de vie pas très rigolote où elle s’est faite moquer à l’école. Je le précise immédiatement, on est loin de l’acharnement que certains enfants subissent, je ne sais pas si on peut parler de Harcèlement dans le sens où ce n’est pas un acte répété depuis des mois. Mais l’humiliation n’est pas une compète de toutes les façons… Personne ne gagne.

En revanche, tout commence par un premier pas et la spirale peut vite s’emballer. J’y suis très vigilante, d’autant plus que mes enfants verbalisent facilement leurs émotions. Je ne veux pas que ça fasse plouf quand ils parlent de leurs expériences négatives (et positives d’ailleurs) alors qu’ils me font confiance.

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La mésaventure

Il y a quelques jours donc, en rentrant du collège, ma fille me demande si on peut aller acheter des vêtements. Je lève un sourcil mais je réponds qu’il n’y a pas de soucis, dès que les boutiques ouvrent, on ira. Puis je lui demande pourquoi ce soudain intérêt pour les fringues, elle qui n’y attache habituellement aucune forme d’importance. C’est la première fois ou presque qu’elle m’en réclame.

Elle me montre timidement un mot qu’on lui a fait passer en cours et où il est écrit : « Donne ça à quelqu’un qui s’habille mal ». Pas besoin d’être Sherlock Holmes ou sa sœur Enola pour comprendre que le message a fait mouche, qu’elle se sent triste et humiliée. Il suffit d’avoir une once d’empathie ou des yeux.

Ma réaction va être impactante, c’est évident. Je fais confiance à mon cerveau qui me suggère de puiser mes mots de réconfort dans deux croyances que j’ai.

Faisons de nos enfants des archers

La première me vient d’une conférence Tedx sur le harcèlement animé par Emmanuelle Piquet. Cette psychopracticienne explique dans la vidéo que l’intervention des adultes n’est pas la solution dans ce genre de situation. Selon elle, pour un harceleur, l’arrivée des grands est un signe de victoire car l’enfant a été incapable de gérer la situation.

Pour Mme Piquet, la clé est d’aider son enfant à gérer seul les affronts. On doit l’armer pour qu’il sache se défendre quand nous ne sommes pas là. Un harceleur aime les gens fragiles alors il faut trouver des moyens pour que nos enfants deviennent plus costauds.

A chaque situation, on façonne une stratégie de défense, on s’entraine, on peaufine ses armes, on visualise la scène et on devient son propre héros.

Et quand elle parle d’armes, c’est évidemment métaphorique. On pourrait dire qu’il faut filer une trousse à outils à ses enfants pour qu’ils puissent se bricoler un environnement où ils se sentent saufs.

La parole impeccable

Ma seconde croyance me vient du premier des accords toltèques : la parole impeccable. Dans ce livre, Don Miguel Ruiz explique que les mots peuvent empoisonner aussi sûrement que du venin. Qu’ils se glissent dans ta tête pour que les projections des autres deviennent tes certitudes : je suis nulle, je ne sais pas m’habiller, ils ont raison de se moquer.

Avoir une parole qui n’est pas impeccable, c’est blesser l’autre si celui-ci ne sait pas se protéger. La première leçon est d’avoir conscience que les mots sont puissants car ça permet de les gérer et de lancer des contre sorts.

Nos actions immédiates

Face à ma fille en larme, j’ai surtout fait ce que j’ai pu. Pour résumer, on a beaucoup parlé, on s’est fait des câlins, on a laissé sortir les émotions qui venaient.

Verbaliser ce qu’on veut vraiment

Je lui ai expliqué tout ce que je viens de vous dire, qu’il ne fallait pas que de l’encre sur un bout de papier empoisonne sa vie. Ces gens n’avaient pas eu de paroles impeccables. Ils avaient essayé de la blesser avec des flèches verbales et psychologiques.

A partir du moment où on savait qu’on avait été touché par cette flèche, on pouvait réagir de plein de manières différentes. On pouvait laisser le poison gagner et le doute s’insinuer en nous. On pouvait faire la part de choses. On pouvait tout rejeter. On pouvait décider de les fuir, de les combattre, de les tenir à distance… Quelle réaction voulait-elle élire ?

J’ai commencé par questionner son côté mode pour qu’elle puisse prendre ses premières décisions. Voulait-elle changer de vêtements juste pour eux ? Aimait-elle ses tenues ? Est-ce que la moquerie résonnait en elle car elle était d’accord au fond et souhaitait changer son vestiaire d’écolière pour passer à celui d’une collégienne ? Voulait-elle leur donner du pouvoir qu’ils n’avaient pas ? Visait-elle de se plaire à elle dans tout cela ?

Aucune réponse n’était spécifiquement attendue. Je voulais juste qu’elle y réfléchisse et qu’elle décide en conscience et non qu’elle soit dans la réaction. Je cherchais sa vie intentionnelle et non le pilotage automatique de ses peurs et croyances.

Elle a vite conclu que se plaire était l’objectif car c’était la seule façon d’avoir une belle vie (sans parler de l’énergie perdue à vouloir plaire à tout le monde). Que ce n’était pas un objectif simple mais il valait le combat !

Fourbir ses armes

Ensuite, on a cherché des stratégies de défense. Pour s’armer à notre façon, comme le propose Mme Piquet.
On a listé des répliques à sortir (en se marrant bien d’ailleurs). On a imaginé plein de réactions possibles. On s’est refait quelques saynètes car le cerveau adore ce genre de visualisations. Elles comptent autant que la scène première pour lui.

Bref on s’est défoulées et on a refait le monde comme si on était intouchables par ce genre de comportement.

Puis elle est partie se coucher en me remerciant car elle se sentait mieux.

Mes actions d’adulte

J’avais beau avoir géré au mieux, mon coeur de maman n’a pas réussi à trouver facilement le repos. Le cerveau a pris le relai. Vers minuit, je me suis relevée avec deux idées qui me remettaient dans l’action.

Un petit cadeau

Je suis allée fouiller dans mes stocks de cadeaux de Noël. J’ai retrouvé le tee-shirt que je voulais lui offrir, qui était déjà emballé et sur lequel j’avais écrit “pour le cas où on t’embête”. Ça se voulait une blague mais ce fut une belle prémonition ^^

Je l’ai déposé devant sa porte. Il était parfait pour la situation.

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Le lendemain elle était vraiment contente de la surprise et elle est venue me faire des câlins. Je lui ai demandé de m’apporter un crayon et une feuille en papier pour mettre en branle ma seconde idée.

Du fin fond de mon lit, j’ai dessiné dessus une poubelle que j’ai ensuite découpée/collée comme une enveloppe. Hop, j’avais ma poubelle anti harcèlement.

On peut l’ouvrir et y jeter tous les affronts qui nous atteignent. Comme ce petit mot moqueur. Ou nos propres pensées parasites d’ailleurs…

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Comment utiliser la poubelle anti harcèlement ?

Je lui ai proposé de la garder dans un de ses cahiers. La prochaine fois qu’elle recevait un mot du même acabit, elle pourrait le glisser dedans et renvoyer la poubelle à son expéditeur.
Elle a trouvé l’idée géniale. Mais quand je lui ai demandé si elle saurait mettre en place ce stratagème, elle a hésité. Ça voulait dire non ^^ !

Parce que c’est bien fastoche de trouver ce genre de flèche à décocher quand on est au chaud dans sa maison. Mais si ton enfant n’est pas capable de l’utiliser, c’est un outil qui n’a pas atteint toute sa puissance. Alors là aussi, on s’est entrainées toutes les deux.

Je faisais la personne méchante et elle testait sur moi des répliques ou l’utilisation de cette poubelle anti harcèlement. Au début, c’était tremblotant, peu efficace. Mais elle s’est vite pris au jeu et a gagné en assurance.

Ce soir, elle est même revenue me voir. Elle s’était entrainée de son côté et voulait que je valide son jeu. Peu importe sa prestation, je me suis dit que c’était gagné. Qu’elle avait envoyé le bon message à son cerveau. Et que les prochaines fois, elle aurait progressé en gestion de conflit.

Elle ne sortira peut-être pas la poubelle, mais elle sait qu’elle est dans un de ses cahiers. C’est son arme secrète et réconfortante.

Elle n’aura peut-être pas la super punchline mais elle ne subira pas comme la première fois. Elle sera dans l’action. Et ça fera toute la différence à la fin.

J’ai confiance en elle. Elle n’aura pas la vie parfaite, mais je crois qu’on gagne du terrain sur l’influence négative que peuvent avoir les autres parfois.

Poubelle anti harcèlement en cadeau

Je ne sais pas si cette histoire résonnera chez vous. Je ne me pose PAS DU TOUT en chantre de la résolution de ce genre d’incidents. C’est limite la première fois que j’y suis confrontée en tant que maman. Tout ceci a la valeur d’un témoignage.

Mais si cette façon de faire peut aider UNE seule personne, c’est pour elle que j’ai publié cet article plus intime que de coutume.

J’ai redessiné la poubelle pour que vous puissiez vous refabriquer la vôtre. Le fichier est téléchargeable au besoin.

Vous avez vu, j’ai laissé un carré blanc pour que vous puissiez inscrire le message qui vous semble le plus adapté. Les mots sont puissants dans les deux sens, souvenez-vous-en ;).

dessin poubelle anti harcèlement à télécharger

Le tuto est assez simple : vous découpez les contours de la poubelle en faisant bien attention à ce que les deux parties restent attachées par le sommet. Ensuite, vous “ouvrez” la poubelle en coupant le long du couvercle de la poubelle de devant. Il ne vous reste plus qu’à coller au niveau des pointilles que j’ai tracé à la mano.

L’idée est de former une enveloppe où vous mettrez les trucs qui vous contrarient. C’est totalement adaptable à un besoin d’adulte :).

Et voilà. Le tour est joué. A la puissance de la pensée positive de rentrer en piste !

Je croise tous mes doigts pour que les gens cessent d’avoir besoin de se défendre. Mais tant ce que ce sera pas le cas, si je peux partager ma micro expérience et aider ne serait-ce qu’une personne, je le fais.

Je vous embrasse fort fort fort.

Je suis Cécile, slasheuse créative. J’alimente gracieusement ce blog depuis 2006. Vous pouvez aussi me suivre sur Instagram, Youtube ou Pinterest.
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42 Commentaires

  • Tu as lu dans les pensées.. je n osais pas te demander comment tu ferais certaines difficultés avec tes enfants. L envers du décor quoi !
    Merci pour cet article personnel et si utile.je
    Si tu veux bien continuer à en dire un peu plus, dis moi : comment tu gères/gerais le b.rd.l de bricolage de tes enfants plus jeunes ? Car chez moi c est le paradis de la chiquette de papier et des taches en tout genre qui ne partent plus, et ça nuit gravement à mon enthousiasme sur certaines activités…

    • Ca ne me pèse pas ce bordel, je le trouve normal. Mais si toi il t’embête, je suppose qu’une nappe en toile cirée spéciale bricolage + des tabliers devraient faire l’affaire ^^

    • Excellent une super réaction ! J’espère que mes enfants n’ en auront pas besoin mais au moins je saurai quoi faire 😉 merci Cécile 😀

  • Merci beaucoup pour ce partage, toujours très intéressant. C’est vraiment très importante ce genre de réflexion, ça permets de trouver des pistes et de ne pas être démunie devant un premier cas, qui n’est souvent que le début…

  • Je suis admirative de cette manière d échanger, de faire réfléchir les enfants et de les amener à avoir confiance en eux et à ne pas se dévaloriser face aux imbéciles… J’espère, quand mon fils sera plus grand réussir à l’accompagner aussi bien…

  • Merci d’avoir partagé ton expérience, je suis sure que Siole a les armes pour surmonter cela, entourée de tant de bienveillance. Je prends note de tous tes tips.

  • Parfois, en tAnt que parent on se sent démuni. Et ton expérience peut aider. Belle initiative que ce partage qui pourra peut-être aider d’autres parents

  • Merci tout bonnement merci.
    Cet article me va droit au cœur. Mon enfant dysferents et moi plus que fragile psychologiquement allons utiliser cette poubelle à bonne cause.

  • Ce que l’on aperçoit de toi Siloe c’est ton originalité, ton esprit vif et une aura magnifique. On devine la jeune fille pleine de vie que tu es, tout cela a sans doute était jalousé par un jeune pas très à l’aise dans ses baskets. Ne rentre pas dans le moule, reste celle que tu es, et ne change que si cela te plaît à toi. Je pense à toi et t’envoie des pensées positives pour que ce petit mot tout pourri soit vite oublié.
    Vive Siloë et vive Ciloubidouille

  • Merci pour ce partage et ces pistes de réflexions …. nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre à la détresse de nos enfants… et c’est vraiment intéressant d’avoir des partages de ce type … merci encore

  • Merci pour ce double partage d’expérience et du modèle, j’espère ne jamais en avoir besoin mais si c’est le cas je suis sûre que je reviendrai chercher l’article. Courage à Siloe et merci à elle aussi de ce partage car c’est aussi ce que je viendrais chercher dans cet article si besoin.

  • On est tous confronté à la méchanceté gratuite. Tu as toujours les mots justes. Nous avons un nom de famille qui peut amener la moquerie ( un outil de jardinage) du coup comme mes enfants étaient petits je leur disais tout le temps ce que pouvait leur dire les enfants. Ça n’a pas loupé 1er jour d’école de mon aînée à l’appel de son nom par la directrice moquerie. ( tous les enfants mort de rire) j’ai posé la question à ma fille si ça l’avait gêné ba non maman j’ai l’habitude c’est pas grave tu me le dis tout le temps.

  • merci pour ce partage…Ma grande a subit ça des années c’est allée trés loin ( harcèlement au collège, dans notre village, sur les réseaux, violences physiques…bref j’en apprends encore maintenant parfois au détour de conversations…)malgré les flèches, les interventions d’adultes plus ou moins bienveillants, malgré la plainte….la seule solution a été de changer de collége…
    Alors oui cet article résonne en moi…peut etre qu’en prenant des le début les choses en mains autrement les choses auraient été différentes…Bon il faut dire que tout est parti de son enseignante en CM2 donc moins simple a mettre en place les fléches…
    plein de bisous a Siloé elle est merveilleuse que personne n’ai le droit de lui dire le contraire…

  • Une eptite astuce donnée en stage professionnel de thérapie de bégaiement… Répondre à chaque insulte, provocation, par “et alors?” , de l’air de dire et alors, qu’est-ce-que ça peut te faire? et ne répondre que ça…
    “t’as vu tes fringues? ”
    “ouaih et alors?”
    “ben elles sont graves moches et bollos”
    “et alors?”
    ainsi de suite…
    amusez-vous à le jouer en famille, ne vous faites pas de cadeau, je vous assure qu’en face, on arrive à bout d’arguments!! imparable! le “et alors” permet aussi d’envoyer un message de force qui fera se détourner l’affreux jojo (peut-être ailleurs …mais ça)
    Expliquer à l’enfant ou l’ado qu’évidemment, à l’intérieur de son bisou, de sa tête et de son coeur, il ne s’en fiche pas, mais l’autre ne le sait pas! et il arrêtera..

    Valable bien-sûr pour les insultes verbales, le reste….

  • Tout ça part d’un jeu bien bête, et au final Siloë a sans doute hérité de ce mot par hasard, parce qu’il est toujours plus facile de refiler ça à quelqu’un de gentil, dont on ne redoute pas les représailles (ou dont on connaît l’humour!)… J’ose espérer que le “coupable” n’a pas un instant pensé engendrer un tel bouleversement…. N’empêche que.
    Heureusement, Siloë a une maman super équipée en outillage pour s’en sortir dans chaque situation! Super réaction / réactivité (et ce T-shirt si opportun!!).
    Je ne lui souhaite évidemment pas d’avoir à revivre ça. Mais si c’était le cas, j’espère qu’elle saurait mettre à profit vos mises en situation, sa belle intelligence et sa grande sensibilité pour faire face à tout ça de manière plus détachée.
    Forza, Siloë!
    (Et merci à toi Ciloubidouille pour le partage. C’est cette authenticité qui fait le charme et tout l’intérêt de ton blog. Un reflet de vraie vie, de vie vraie.)

  • Je laisse ma fille choisir ses habits , depuis toujours, et elle a toujours choisis des pièces colorées, décalées. Arrivée au collège, elle me demande des jeans, bleus ou noirs, exit les jaune, rose et cie, et des pulls de grandes, sérieux, de couleur banales.
    A chaque commande, je glisse un article « à l’ancienne », très coloré, pour la maison. Et ces derniers temps, elle ne met plus que ces vêtements très colorés. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu qu’elle préférait se sentir bien en mettant des couleurs qu’elle aime, plutôt que de ressembler à tout le monde. Quand je lui ai demandé si Ellen’ avait pas trop de moquerie (j’ai travaillé 6 ans avec des ados, donc je connais malheureusement), elle m’a répondu qu’elle avait rembarré la populaire du bus en lui faisant remarquer qu’elle disait être à la mode, sauf qu’elle ne faisait que copier ce qu’il y avait dans les magasines, et qu’elle n’avait pas le choix car elle ne pourrait jamais inventer son propre style tellement elle était c****. Cela a fait rire suffisamment de camarade, pour qu’elle ne lui fasse jamais de remarque.

    En matière de mode, ce que je conseille, c’est de regarder les magazines, les catalogues de fringues de type Laredoute où il y a plusieurs styles, et surtout, les défilés. J’ai fait cela avec ma CLèm en CM1 car elle voulait suivre des jeunes filles en CM2 qui se moquaient de ceux qu in’étaient pas maquillées, ni « stylées », et qu’elle voulait que je lui achète talons, mini-short, mini jupe et mini top. Car oui, ces jeunes filles s’habillaient comme cela à 10 ans. On a donc fait cette « étude artistique » pour distinguer la notion de mode et de style. Et la grande chance que nous avons de pouvoir choisir notre style, comparé à des endroits du monde où on en n’a pas le droit. Et quand on voit les défilés de mode, ou des chanteuses-eur, ou des artistes, on se rend compte que la créativité est à distinguer de la notion de mode. Que mode au collège voulait dire groupe. S’habiller comme un groupe.
    J’ai énormément redouté la 6ième car ma fille est hypersensible, et réagit encore très fortement. Je craignais qu’elle s’effondre en larme à la première panique. On a travaillé sur cela tout l’été. Et cela à fonctionné. J’ai pu malheureusement le voir, car il y a quelques semaine, à la cantine, un jeune homme s’est amusé à venir les voir pour demander aux jeunes filles si cette sauce au sperme leur plaisait beaucoup. Ma fille a répondu oui, sans savoir ce qu’était le sperme, elle trouvait la sauce à salade bonne, tout simplement. Du coup, à chaque fois qu’il y a de la salade, elle est interpelée . Elle en rigole. Et puis lundi soir, elle m’a expliqué qu’elle en avait marre, et elle a pleuré. Alors on a réfléchi, si au début cela l’avait véritablement fait rire, elle me dit qu’elles ont eu un fou-rire à ce sujet, il pouvait alors être difficilement compréhensible que soudainement, ce soit un problème.
    On a relativisé : un seul garçon continue de lui demander, les autres n’en n’ont plus rien à faire, voir même trouvent la blague pénible par la répétition. Donc si une seule personne fait suer, on va pas la laisser pourrir la journée, donc on a listé tout le positif et les moments cool de sa journée.
    On a aussi réfléchi au fait que cela était impossible de vouloir changer les autres, et qu’il fallait donc réfléchir à comment prendre une situation à son avantage pour soi, car on ne peut pas empêcher les autres de penser ou parler.
    Et après, on a réfléchi à des blagues un peu humiliante, légèrement, mais qui feront rire les copains du moqueur. J’ai essayé de garder la tête froide face à la sexualité déjà si présente dès la 6ième. En 10 ans, on est passé de la 4ième à la 6ième. Quand je bossais au collège, la sexualité faisait apparition mi-5ième, devenait omniprésente en 4ième. Là, dès la 6ième, c’est au coeur des conversations.
    Je lui rappelle aussi que si les autres se moquent d’une personne, c’est parce qu’ils sont soulagés que ce ne soit pas d’eux, alors ils vont tout exagérer, sur-réagir, mais que la majorité n’en penseront rien du tout.
    Pas facile cette période, à cette époque.

  • je compatis pour Siloë, le monde de l’école est particulièrement violent..Siloë pourrait être ma petite fille, mais je suis toujours dans le “coup”, et j’ai toujours gardé au fond de moi l’impression qu’un de mes enfants avait été harcelé pendant son enfance, mais jamais on n’en a parlé..je le regrette maintenant.
    J’ai trouvé l’idée de la poubelle intéressante, c’est drôle, car j’ai lu cette idée de poubelle, et la parole impeccable, dans un livre intitulé Les antisèches du bonheur de Jonathan Lehmann, et j’adhère complètement..
    courage à ta fille, elle va réussir à gagner!

  • Très beau partage, Merci.
    Il faudrait une poubelle de ce genre format plus grand dans les cours de recréation et une personne bienveillante en formation “remplissage poubelle” pour accompagner le projet.
    Mes fils sont grands maintenant mais ils ont affrontés cela, nous parlions beaucoup et je leur ai transmis le proverbe préféré de mon arrière arrière grand mère, une dure à cuire bien trempée 😉 qui répondait aux critiques par: “On peut pas plaire à tout le monde, on est pas louis d’or” !
    à méditer! belle journée à tous.

  • une excellente initiative un immense bravo d’avoir su désamorcer ce qui aurait pu être une cata pour ta jeune fille.
    Mon témoignage sur le harcèlement des enfants à l’école : mon petit fils pendant 2 ans a été harcelé par un autre élève, c’était son bouc émissaire et même si la prof avait convoqué les parents de cet enfant ça continuait avec encore plus de méchanceté.
    Mon petit fils était un peu en surpoids à l’époque il avait 11/12 ans. Il allait à l’école avec la boule au ventre, et parlait de cet enfant en l’appelant “mon pire ennemi”. Je parlais beaucoup avec mon petit fils dans l’espoir de l’aider ; j’avais dit à ma fille d’alerter le rectorat … peine perdue ça continuait jusqu’au jour ou mon petit fils a décroché, il se rendait malade d’aller au collège.
    Il fallait faire quelque chose cela devenait urgent.
    J’étais déjà en Creuse et j’aurais souhaité être près de lui en Normandie pour le soutenir, alors nous parlions bp au téléphone. Ce harcèlement avait provoqué chez lui un problème neurologique, il travaillait de plus en plus lentement était “à côté” des cours et ne communiquait plus…. J’ai donc fait un courrier à l’académie de Rouen pour signaler les faits, ce qui a permis de pouvoir faire changer d’établissement mon petit fils qui est du coup est allé en privé continuer son année.
    Ses nouveaux profs étaient au courant de la situation il a été très entouré et a pu rattrapper son retard. Aujourd’hui il va très bien mais ce fut difficile de lui faire reprendre confiance en lui.
    Tout ceci pour dire que ton idée de poubelle contre les méchants est géniale et on devrait faire une boîte dans les établissement scolaires pour que les enfants harcelés puisse mettre leur appel au secours par écrit et faire bouger les enseignants et responsables des établissements qui sont là pour éduquer nos enfants.
    Merci pour ton idée et bravo à ta petite fille d’avoir su et surtout pu t’en parler et à toi d’avoir su écouter, tu as été le point clé pour qu’elle ne sombre pas comme malheureusement tellement d’enfants qui ne sont pas écoutés par leurs parents.
    Bravo bravo bravo

  • Merci pour ce partage : c’est chouette de pouvoir trouver des ressources “simples” sur des sujets aussi difficiles. Et courage à ta fille 🙂

  • Merci infiniment. Mon fils a subi le harcèlement en primaire et cela n’a pas été simple à gérer. Il a progressé, aujourd’hui il arrive qu’il se fasse embêter sans que cela ne soit pour autant du harcèlement mais il se défend. Je trouve cette idée de poubelle FORMIDABLE ! Avoir une telle poubelle dans chaque classe pourrait être bénéfique. Si chaque enfant pouvait lors d’un temps de classe pouvoir dire sans forcément nommé l’agresseur les paroles qu’il reçoit et solennellement les jeter dans une telle poubelle, cela pourrait faire réfléchir les enfants sur leurs actions.
    Mille bises à ta fille.

  • Merci beaucoup pour ce partage! Je suis prof des écoles et j’aime beaucoup l’idée de la poubelle, car, même si le corps enseignant est souvent accusé de ne rien faire contre le harcèlement, j’avoue qu’il est très compliqué de trouver une solution contre ça. Pour ma part, j’ai l’impression que la situation empire souvent quand je m’en mêle, donc cette petite poubelle me permettra peut-être de résoudre ces situations souvent inextricables et qui détruisent tant d’enfants! Ma fille cadette, en temps que “fille de prof”, a subi du harcèlement depuis le CM1 et pendant toute sa scolarité au collège et je n’ai pas su quoi faire pour l’aider, au point qu’actuellement en 2nde, même si elle n’a plus aucun problème avec ses camarades de classe, elle semble “cassée” et souffre de refus scolaire anxieux. Impossible pour elle de retourner en classe depuis plusieurs semaines, elle ne supporte plus l’idée de voir du monde… Si j’avais su gérer la situation comme tu l’as gérée avec Siloë, elle n’en serait peut-être pas là! Merci de tes idées qui vont sûrement enjoliver la vie de beaucoup d’enfants et ados!

  • Super Article, merci pour se partage.
    Notre devise a la maison:
    “On est comme on est, si on s’aime, celui à qui ca ne plait pas, n’a qu’a regarder ailleurs”
    😉

  • Première article que je lis ici, MERCI, cela m’a remonté le moral en cette après-midi maussade où je cherche des solutions pour aider ma fille. Merci beaucoup pour votre force, votre résilience et votre créativité.

  • Puissent cet article au ton si juste et tous les commentaires éclairer aussi les parents des harceleurs, ils ont leur part de boulot à faire. Merci, gros bisous pour Siloë.

  • Merci pour les pistes et surtout pour le partage de la situation. Je ne sais pas si j’aurai pensé à faire jouer les scènes mais ça me semble une belle idée pour aider à reprendre une position active et moins passive.

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