Ma parentalité de maman de 4 enfants

Ma parentalité

Être parent, c’est… c’est… ben je ne sais pas exactement. Déjà, d’une manière générale, j’essaye de dégenrer ce terme, de parler de parentalité plutôt que de maternité. J’ai très envie de croire (et donc de militer) pour un monde où ce sont les qualités humaines qui accompagnent des enfants à grandir. Ni ce qu’on a entre les jambes ni les injonctions de la société à se comporter ainsi ou ainsi ne devrait importer. Des parents aimants, respectueux, peu importe leur sexe ou leur nombre, seront toujours la clé d’enfants épanouis.

Je ne crois pas à l’instinct maternel, à cette idée qu’on “saurait” être maman juste par le biais de notre génétique, comme un super pouvoir. Il s’agit d’un conditionnement sociétal et culturel de plus qu’on inflige aux femmes. On doit aimer nos enfants et les prioriser. A vrai dire, l’amour maternel, ce qu’on pourrait définir comme un élan puissant et presque exclusif pour ses enfants n’appartient pas qu’aux individus avec un vagin… Mon mari est bien plus “maternel” que moi. Sur des tas de sujets, il sait mieux faire. Il est plus investi, plus attentif à nos enfants. Ils sont sa priorité et il met beaucoup de son énergie à gérer leurs besoins.

Il ne s’agit pas d’une compète, simplement, il suit un mode de fonctionnement parental qui lui convient. Et moi je fais la même chose de mon côté.

réflexion autour de ma parentalité

Une parentalité qui m’a longtemps fait me sentir différente

Ça va faire presque 22 ans que je suis devenue maman. Et j’en avais 23 à l’époque, ce qui n’aide pas pour avoir confiance en ses choix. Ma chance est d’être née dans une famille nombreuse, aimante, aidante, qui m’a encouragée, complimentée et entourée autant que j’en avais besoin. Je stressais d’être une maman nulle car mes propres parents avaient été formidables. Réussir aussi bien qu’eux me semblait impossible, un peu comme si ils avaient pris tout le talent de la parentalité et que moi, j’allais devoir composer qu’avec mes doutes, mes faiblesses, mes fragilités… Je me mettais une grosse pression, d’autant plus qu’en tant que jeune maman, on me faisait bien comprendre que j’avais fait un choix bien trop précoce. C’est rigolo d’ailleurs car pendant des millions d’années, devenir parent à 23 ans aurait semblé un choix de vieille fille et là, depuis une 30aine d’années c’est limite un choix irresponsable ^^ ! Si vous saviez comme il est en haut de la liste de mes bonnes décisions pourtant !

Mes 4 enfants sont grands (22, 20, 16, 12), vraiment autonomes (genre ils savent se faire à manger, se déplacer dans les villes, même à l’étranger, ils se gèrent scolairement, socialement, ils ont des pensées qui leur sont propres, ils se documentent sur leurs intérêts sans passer par nous, etc…). Je suis heureuse de les côtoyer, j’adore bavarder avec eux, les écouter raconter leur vie mais je ne ressens pas dans ma chair une sorte de lien primaire qui me relie à eux.

 réflexion autour de ma parentalité

Je les aime, le plus inconditionnellement que je peux, j’ai une confiance infinie en eux, mais ils n’accaparent pas du tout mon esprit. Nulle obnubilation, nulle envie de les changer, nulle organisation de ma vie autour d’eux… zéro sacrifice. Un peu comme mes frangins/frangines. Je ne recherche pas à les transformer pour qu’ils correspondent à mes croyances. Ce qui m’intéresse, c’est eux.


Ce qui m’a longtemps fait culpabiliser dans ma parentalité, c’est cette absence de cœur qui explose en les regardant grandir associée au fait que ME fabriquer une jolie vie me guidait davantage que d’être à leur disposition. En plus, ma parentalité a grandi en même temps que les blogs « maman » ou des émissions comme @lesmaternelles apparaissent. Et vlà les conseils pour être parfaite, pour être 100% parent… J’en ai bouloté beaucoup au début des articles, des magazines, des vidéos, pour essayer d’avoir les codes, pour piger comment être une «mère veille ».

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Et puis un jour, à l’arrivée de mon troisième je pense, j’ai arrêté. Un vrai rejet. Je n’en pouvais plus de courir après un truc qui ne m’appartenait pas. Je n’avais plus envie de savoir si il fallait faire ceci ou cela. Et pire, plus envie de l’appliquer. J’ai commencé à assumer ce que j’appelais alors « mon égoïsme ». J’avais une envie puissante de vivre ma vie et c’est cette envie que j’ai suivie. Il n’y a pas eu de transition, d’avant/après… je me suis juste foutue la paix. Ma mère m’a dit qu’être parent, ça durait la vie mais que ça ne devait pas te la prendre.
Quand je les regarde tous les 4, je ne sais pas si je suis une confiture… pardon… une bonne maman. En revanche, je vois 4 humains qui sont ma famille, avec de la complicité, des rires, des êtres qui m’aiment et m’enseignent tous les jours qui ils sont.

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Ma foi, ça me va. Je délaisse la maternité traditionnelle. Je prends ce truc de parentalité que j’ai construit, qui n’a pas de nom, qui englobe les miens et d’autres gens adorés.
La famille, les amis et le village tout entier.
Je me sens bien aujourd’hui. Pas tout le temps. Mais comme je le disais… Je vais bien plusieurs fois par jour !

 

15 Commentaires

  • J’ai commencé à construire ma parentalité avec les maternelles et les blogs, et je n’aimais pas ces injonctions qu’on y trouvait beaucoup. Et puis j’ai découvert un autre blog, qui parlait bricolage, Chine et bien d’autres choses, et depuis j’ai beaucoup changé de points de vue. Je suis une maman “suffisante”, mes enfants sont heureux et poussent dans la direction qu’ils veulent, et c’est une très bonne chose pour moi ! (Au fait, merci)

  • jolie réflexion!

    j’aime beaucoup celle de ta maman aussi
    très “sage” je trouve pas le terme (oui sommeil ….)

    votre famille est belle !

    ps extra les illustrations photos de cet article

    • C’est tellement intéressant ces réflexions, en plus assez loin des injonctions actuelles (“attends, si tu n’es pas prête à sacrifier ton sommeil/ton temps/ta vie perso pendant 6mois /3 ans / 6 ans, t’avais qu’à pas faire d’enfants” 😱😱)…
      J’ai ce truc qui me soulève quand je regarde mes gamins, c’est comme ça, ce n’est ni bien, ni mal, c’est juste comme ça 🤷🏻‍♀️
      ils sont ma priorité pour tout un tas de raisons (notamment liées à ma relations à mes parents), idem, je suis comme ça, je ne dis pas qu’il faut être pareil, ni que c’est une catastrophe, ils sont petits, ça s entend, et surtout, en grandissant, ça s estompe : mon grand de 8 ans sait très bien s’éloigner , faire tout seul, être lui quoi, et c’est ma fierté : je suis une maman poule collante, mais il arrive sans soucis à me dire de le laisser respirer 😁
      Je “travaille” quand même le sujet,prendre du temps pour moi (bon là avec bébé n2 tout petit, c’est des minutes grapillées plutôt 😄) j’essaie de ne pas m’oublier comme après le premier, mais je sais aussi que je suis comme ça, au moins pendant les premières années 🤷🏻‍♀️
      Et j’essaie de garder le cap : ce n’est pas quand ils seront majeurs tous les deux que je commencerai à vivre, c’est dès à présent , même avec des petites joies quotidiennes (et pas un périple de 3 semaines en amoureux par ex) même si pour d’autre, ce sont des petites choses, des petits moments qui semblent insignifiants, pour moi c’est un rappel que je ne suis pas que maman
      Bref, je tends vers ce que tu es (enfin ton rapport à la maternité tel que je le comprends de ton article quoi 😅), que je n’atteindrai pas avant quelques années je pense et c’est pas grave 😊

  • Cilou,

    Belle réflexion. J’adore la citation de ta maman : Être maman ça dure toute la vie, mais ça ne doit pas te la prendre… Cela m’aurait beaucoup servi quand les miens étaient petits, pour résister à “travailler et être une bonne mère, c’est incompatible !!!!” Je n’ai jamais arrêté de travailler.

    J’aurai plutôt une question pour toi (je très très curieuse 😊) : Pourquoi ce cri du cœur, là, maintenant ?
    À la lecture de tous tes articles “DIY”, loin de nous (lecteurs) de penser que tu as mis tes enfants de côté. Tu es une mine d’idées pour s’éclater en créant avec ses enfants.
    Comme pour les films Disney : les parents y vont pour les enfants, et ils y prennent tout autant de plaisir. C’est la compétition à celui qui a le plus aimé. Pas sûre que les enfants l’emportent sur ce coup-là 😏

    Si ce n’est pas ça la parentalité épanouie, alors qu’est-ce que c’est ?

    Bises et à bientôt
    Lilie

    • bonne question. Sans doute parce que je venais de lire un truc sur instagram qui m’a gonflé… Je me suis dit : soit j’écris un commentaire chonchon. Soit je publie sur une parentalité différente. J’ai trouvé la seconde option plus fertile.

  • Merci pour ces réflexions qui, à mon avis, doivent réconforter plus d’une maman! 😊C’est vrai que depuis longtemps, la société nous enjoint à être des mères parfaites, avec l'”instinct maternel” qui va avec… et pour peu qu’on soit différente, fatiguée, ou avec plein d’autre projets plus personnels, on est vite jugée (Chris le dit bien; les petites phrases assassines telles que “T’avais qu’à pas faire d’enfants!”, ou encore, surtout de nos jours: “Comment as-tu pu faire des enfants dans ce monde qui va si mal?”😒). Pour moi, avoir des enfants dans ce monde, c’est lui apporter l’espérance d’être enrichi de futurs adultes auxquels j’aurais essayé de faire partager mes passions, mes valeurs: le partage, la compassion, l’art, la culture, l’amour de la nature. Je suis loin d’être une mère parfaite, comme la plupart des mamans, d’ailleurs, 😉 mais pour moi, le plus important est d’aider son enfant à devenir autonome, à quitter petit à petit sa carapace pour devenir adulte (il y avait un ballet de Carolyn Carlson qui exprimait bien cette idée, où la danseuse s’extirpait progressivement d’une étoffe sensée représenter l’enveloppe de l’adolescente qui devenait femme…). Et puis, on fait ce qu’on peut, il n’y a pas d’études de parentalité! Bon, j’ai écrit un roman, désolée! 😏Mais ce sujet m’interpelle! Bon premier mai à tout.e.s!🥰

  • Chacun a sa façon de trouver sa parentalité meme si la société et ses injonctions ne sont jamais simple…Ici elle va avoir 4 ans dans un mois et on nous pose encore la question du deuxième ou vous n’allez pas la laisser toute seule.
    La chose ou je me pose des questions, c’est au dela de l’échange la mise en place du respect de “l’autorité “, avec mon mari on a deux façons de voir un peu différente et c’est pas toujours simple de communiquer la dessus. comme tu dis chacun sa parentalité.
    C’est sur que les enfants font partie de la vie mais ne doivent pas nous la prendre et surtout on ne doit pas trop les accaparer , juste les aider à etre de belles personnes. C’est pas toujours simple à appliquer mais vrai.

  • Merci pour ce joli message à l’heure de la parentalité positive et bienveillante (et sur-présente) à tout crin. Merci de rappeler qu’on peut être parent sans pour autant s’épanouir uniquement au travers de sa parentalité.
    Bizarrement, la société n’a aucun mal à l’entendre et l’accepter pour un papa, mais pour une maman c’est toujours très malvenu.
    Je suis devenue maman au cours de ma lecture de ton blog, et même si je suis tombée dans les écueils de la parentalité parfaite prônée par les réseaux sociaux, tes articles m’ont toujours fait beaucoup de bien et m’ont rappelé à quel point notre épanouissement et notre bonheur sont tout aussi précieux que ceux de nos enfants!

  • Merci pour cet article, où je me retrouve pas mal, et que je m’y retrouve ou pas, j’aime toujours lire des points de vue un peu différents 🙂

  • Merci pour ton article, tu as une belle plume et j’aime beaucoup ta sincérité. Puisse ton blog inspirer les parents à s’écouter et se libérer de toutes les injonctions de la société autour de la parentalité.

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