Comment parler à son corps ? Tyrannique ou bienveillant ?

Comment parler à son corps ? Passer de la tyrannie à la bienveillance

Comment parler à son corps avec bienveillance ? Je n’en sais fichtrement rien. Il y a des zones de ma vie où j’y arrive assez facilement et d’autres où j’ai l’impression de ne porter qu’un regard noir sur moi. Et quand je dis “sur moi”, c’est exactement cela puisque je m’adresse méchamment à mon corps. J’aime bien mon cerveau, j’aime bien mon coeur, ma façon d’interagir avec le monde. Je sais faire famille, je sais vivre seule. Mais je ne sais pas aimer mon corps.

Alors j’ai fait un exercice qu’on m’a conseillé, pour essayer de changer ce regard pesant : parler à son corps en s’exprimant de manière tyrannique et une autre fois de manière bienveillante. Je le partage ici pour mémoire. Pour l’héritage aussi. Mes enfants me lisent parfois mais étrangement je capitalise pour plus loin. Je projete l’idée, quand la quarantaine les prendra, qu’ils reviennent sur les pensées de leur mère. Peut-être que ça résonnera chez eux, peut-être qu’ils seront plus malins que moi. Peu importe, ils se souviendront de moi, humaine très humaine et ça les fera sourire.

parler à son corps

Je préviens, en amont, ceci n’est pas une publication avec un mode d’emploi du bonheur. Je ne te donne pas de conseils, pas d’astuces. C’est même un peu l’inverse puisque tu vas le voir, c’est le reflet de mes pensées souvent tyranniques et une tentative consciente de les envoyer bouler. Parler à son corps est tout sauf facile.

Chuis pas prof de vie. Je fais juste ce que je peux avec la mienne.

Voici les deux lettres à moi-même.

Parler à son corps de manière tyrannique : exercice n°1

Prendre soin de moi ? Ce n’est pas comme si j’en étais vraiment capable. Oh, je suis la première à le conseiller aux autres, il n’est pas une journée où je ne l’écris pas à quelqu’un dans mes échanges sur les réseaux sociaux. Prends soin de toi.

Notons l’impératif. Je me souviens de Daniel Pennac expliquant que certains verbes ne supportent pas la conjugaison à l’impératif. Impossible d’imposer “aime” par exemple. Ou “Rêve”, “Lis”, “Ressens”, “Pense”, “ne pense pas…”. J’ai l’impression que “Prendre soin de soi” fait partie de ce club relou (mais pas si fermé) d’actions dont personne n’a le contrôle.

En revanche, on a l’injonction. On est tenu de faire attention à ce corps, à ce cerveau, à ce cœur… On doit manger sainement, faire de l’exercice régulièrement, méditer, lire, débrancher des écrans, se cultiver, se passionner, militer, transmettre, partager, s’isoler, faire famille, faire amitié, faire couple et prendre soin de soi.

Sauf que dans les faits, je vois bien que je n’ai pas les clés, pas les codes, pas les astuces. Je crois les avoir, je croise le savoir. Mais cela glisse sur mes plumes. Je suis imperméable à la volonté. Je ne laisse rentrer que le sucre et le gras. Pas besoin de me forcer, je gave le canard toute seule.

Ça pourrait s’arrêter là. Désolée les gens, je ne joue pas au jeu du corps parfait parce que je ne maitrise pas les règles. Amusez-vous bien de votre côté. Sauf qu’en fait, je veux jouer. Pire, je veux gagner. Et le gros lot, c’est le moi d’avant. Avant est toujours mieux. Plus jeune, plus mince, plus jolie, plus chais pas quoi… Et on le sait qu’avant périme toutes nos transformations. Alors je me bats pour un lot moins ambitieux, un présent contrôlé, à coup d’assiettes parfaites et de sports à répétition. Je ne serai plus jamais mince, juste “pas trop grosse”.

Mais même ce combat, je le fais grossir. Je me rajoute des contraintes, parce qu’en fait, l’important, c’est le présent. C’est de s’aimer, de s’accepter comme je suis. Gnia gnia gnia…. Je me bats mais j’ai honte de me battre.

Sentiment renforcé par l’impression où tout le monde semble gérer sauf moi. Il y a ceux qui ont le corps dans les normes ou qui se bougent pour l’obtenir (félicitation et jalousie). Et ceux qui affichent s’en foutre (mensonge et jalousie).

Moi je ne sais pas avoir ce corps parfait et je ne sais pas m’en foutre non plus. Je suis celle qui lutte des deux côtés de la ficelle. Je fabrique des nœuds.

Prendre soin de moi me stresse et me culpabilise. Ne pas le faire aussi. Je me sens perdue, incapable de me lâcher la grappe, pas fichue de savoir ce qui me conviendrait. Je me regarde me débattre, essayer les derniers conseils vu sur instagram et les oublier dans la foulée. Je n’ai pas de routine, pas de boussole. Et je crois que je n’y arriverai jamais, puisque jusqu’à aujourd’hui, je n’y suis jamais parvenue.

Parler à son corps de manière bienveillante : exercice n°2

Houlàààà… On respire un grand coup et on change de lunettes ma Cécilou. Je ne vais pas me dire que ce que je viens d’écrire est faux. Bah non, c’est vivant en moi et je l’arrose bien trop régulièrement pour ne pas observer cette végétation qui prend de la place. Mais je cultive aussi plein d’autres pensées, plus nuancées, plus bienveillantes. Et je les vois pousser et s’épanouir avec une égale vivacité. Enfin… elles essayent.

C’est un peu comme cette métaphore du verre de boue. Si dans un verre, on rajoute une poignée de terre, aka nos idées de mierda, nos injonctions, nos frustrations… enfin les trucs qu’on ne sait pas gérer pour prendre soin de soi, l’eau se trouble et devient marronnasse.

Il y a ceux qui savent vider le verre, changer d’eau et hop, c’est reparti de plus belle. Moi je n’aime pas cette idée de changement. Personne ne change. Le changement, ça implique de jeter tout ou partie de qui on est. Est-ce possible seulement ? Comment on se verse par dessus son épaule ? Comment on abandonne sur le chemin des morceaux d’habitudes, de croyances ?

En revanche, tout le monde peut évoluer. L’évolution, c’est l’utilisation de notre humanité pour avancer. C’est la créativité du faire avec. Alors au lieu de changer l’eau, le verre, la boue, par la magie du changement, on peut tenter de verser de l’eau propre dans le verre de notre état actuel. Cette eau nouvelle, chargée d’espoir, de connaissances, d’entraide, va progressivement délayer la boue, éclaircir notre liquide vital et nos pensées.

Peut-être que c’est cela prendre soin de soi ? Peut-être que c’est juste continuer d’arroser ?
Alors oui, je ne suis pas parfaite. Et oui je me sens paumée plus souvent qu’à mon tour. Mais…

  • tous les matins, je me lève avec l’envie de progresser, de retenter. Donc tous les matins, je suis plus forte que le renoncement.
  • je fais du sport, beaucoup de sport. Donc je suis plus forte que ma croyance que le sport n’est pas fait pour moi
  • je consulte un diététicien. Donc je ne suis plus seule.
  • je consulte un psy. Donc je dénoue des nœuds et je me comprends mieux.
  • je cuisine, je fais un potager, j’invite des amis… Donc j’ai aussi une relation saine à la nourriture.
  • je parle avec mes enfants, sœurs, amies, amoureux de ce rapport au corps si compliqué pour les femmes. Donc je participe à faire évoluer le monde à ma façon.
  • j’ai un paragraphe sur la sexualité mais pas envie de l’exposer ici. Disons que là aussi, ça peut aider à aimer son corps.

C’est cela aussi parler à son corps non ?

Et puis, c’est long une vie. Je le dis souvent mais c’est vrai. L’autre chose que je radote, c’est qu’on sur-estime ce qu’on peut faire en une journée et qu’on sous-estime ce qu’on peut faire en un an. Je sais que j’ai évolué au fil du temps.

Et je ne suis pas sûre que je serai ravie de me retrouver dans l’écosystème de mes anciennes versions. Avant, c’est surtout un fantasme qui filtre les tracas et le caca de l’époque. Avant ce n’était pas plus Disney qu’aujourd’hui, je bataillais pareil, si ce n’est plus.

Alors, je ne sais pas dire si je prends mieux soin de moi qu’avant mais je suis certaine qu’en ayant cette envie, même flou, en tête dans mon présent, je ne peux qu’avancer vers un mieux-être.

Je n’attends pas de magie (mensonge à moitié), je cherche à mieux comprendre ce que je veux actionner, ce qui est à ma portée et qui est bon à jeter. Je suis assez puissante pour cette intention-là.

Mon exercice “parler à son corps” est fini. J’ai écrit ces textes il y a quelques temps. En retombant dessus, je me suis demandée s’ils avaient leur place ici, avant même de les relire. Sans suspense, ma réponse est oui, puisque vous les lisez actuellement.

Après, savoir si parler à son corps fait du bien ? Je ne sais pas. Il est long le chemin vers l’amour de soi. Entre temps, je suis arrivée à un concept qui me plait bien : le “ca va profond”. Je vous en parlerai une autre fois et j’espère qu’il servira à ceux qui en ont besoin.

Qui est tenté de parler à son corps ? Qui se lance dans cet exercice ?

Si vous voulez lire d’autres de mes réflexions sur mon rapport au corps, il y a cet article sur mes jambes :).

ode à mes jambes

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9 Commentaires

  • Merci Cilou pour ton texte. Ce concept de lutter des deux cotés de la ficelle et de faire des noeuds est lumineux pour moi. Quelle prise de conscience, merci !
    Encore une fois ton article me touche en plein coeur, continue, merci,
    Anne

  • Merci beaucoup pour ces réflexions qui font écho ++++++ chez moi qui suis une gourmande compulsive et qui ne sais par quelle action démarrer pour que ça change. Ça me donne des pistes pour oser l’évolution. MERCI

  • Un grand merci pour ce texte. C’est très important ce que vous avez dit. Je n’était pas sûre de mon corps mais finalement c’est mon mari, mes parents et même mes beaux-parents ainsi que mes enfants qui m’ont réconfortée. Aujourd’hui plus de soucis avec mon corps, je suis sûre de moi maintenant. Merci à eux tous !!

  • C’est courageux tes écrits, d’essayer de s’observer objectivement. C’edt difficile le rapport au corps. Chaque fois que je rentre de vacances je m’apprécie davantage qu’avant de partir et pourtant, si je monte sur la balance j’ai toujours 1 ou 2 kg de plus ! Mais voilà, le repos, un petit bronzage, un cerveau apaisé permet d’être plus bienveillante. A l’opposé le stress et la fatigue me font voir mon corps “en noir” !

  • Bonjour Cécilou,
    Je vous lis souvent parce que vous essayez plein de trucs dans tous les domaines et j’aime .
    Vous ne prenez rien pour acquis, vous cherchez toujours le mieux du moment, vous êtes vivante quoi ! et donc forcément belle !Parce que pour moi, la vie n’arrête jamais d’évoluer, de se déployer et ça m’émerveille .
    Selon moi, la meilleure façon de vivre, c’est la mienne , le meilleur âge celui que j’ai, le plus beau corps le mien …Et au diable celles et ceux (dont mon mental ) qui tentent de me faire entrer dans des moules standards . Parce que je suis”un être spirituel, vivant une expérience humaine” et pas l’inverse. Alors bien sûr que j’ai envie d’être belle physiquement, mais d’une beauté qui reflète mon âme et inspirée par elle, de façon unique, qui n’appartient qu’à moi . Et ça marche !
    Je reçois régulièrement d’agréables remarques, dans la rue, d”inconnu.e.s, de tous âges, de toutes conditions, de tous genres, de toutes couleurs . J’ai plusieurs fois 20 ans et suis bien consciente d’être loin des critères de beauté reconnus ! Alors, en observant mon état intérieur, à ces moments-là, je me rends compte que ces compliments désintéressés coïncident avec des états intérieurs de félicité, même fugaces .Si j’ai une vitrine à disposition, je comprends les passants .
    Dernièrement c’est avec un bambin noir que j’ai eu un super ticket : j’ai continué à faire mes courses, avec lui dans mes bras, et lui, tenant ma liste de courses dans sa petite main, au grand émerveillement des clients présents, et surtout de sa mère qu’il a ignorée pendant ce laps de temps . Moment de paradis !
    Cette façon de considérer les choses me libère beaucoup d’énergie : il me suffit de me centrer et me laisser choisir par ce qui m’attire, sur le moment, et le tour est joué !
    Loin de moi l’idée de me donner en exemple, mais simplement de témoigner, et peut être de donner envie à chacun.e. de vivre sa souveraineté personnelle dans tous les domaines .
    Après un récent verdict médical-couperet,
    j’ai écrit ce petit papier inspiré, destiné à mes proches,
    et que je n’ai envoyé qu’à moi-même pour l’instant
    (Je ne pratique pas les réseaux sociaux)

    “Ma feuille de route ,pour cette étape de ma vie :
    Je ne me bats pas contre le petit crabe,
    ni contre qui ou que ce soit
    J’écoute mon intuition, mon inspiration
    qui se renouvellent avec le flux de la vie
    J’écoute les propositions extérieures
    (je suis curieuse, j’aime bien apprendre)
    je discerne et retiens celles qui me parlent
    J’essaye des comportements ,des aliments
    (j’aime bien essayer des trucs)
    J’observe mes ressentis
    Je mets en place ce qui me correspond
    J’ajuste au besoin, avec bon sens et mesure, si possible !
    Je ne me force à rien
    Certains efforts sont agréables, je les tente,
    les pénibles, je les laisse
    Je suis souveraine
    Ce dont je n’ai plus besoin (dont le petit crabe) partira tout seul, de son plein gré,
    Je n’en n’aurai plus l’attrait et ne l’attirerai pas non plus
    Inutile de vivre frustrée, moi gourmande de la vie
    Je nourris mon contentement, mon plaisir
    J’applique ça dans tous les domaines de ma vie
    Je jouis de la vie à fond
    Et à Dieu va !…
    Quoiqu’il en advienne,
    (et non “quoi qu’il en coûte”, parce que ça ne me coûtera rien !)
    Juste la présence consciente, la vigilance à me respecter
    Et si “je marche à contre-courant du système,
    c’est parce que’ à contre-coeur, j’arrive pas”
    (manif des “suspendus” du 11 mars 2023)
    Personne ne me doit rien, je ne dois rien à personne
    Vous le savez, c’est mon coeur qui me mène par le bout du nez
    Vous y avez toute votre place
    Et je sais que j’ai ma place dans le vôtre”

    Le défi est là bien sûr : la vigilance à rester connectée à mes tripes
    Je vous embrasse affectueusement

  • MERCI
    Même si je n’arrive pas à être bienveillante ( du tout) avec moi, c’est bon de savoir que ça existe , que certain(e)s y arrivent.

  • Je ne parle pas à mon corps. En fait je l’aime vraiment. Bien sûr je pourrais avoir moins de ventre mais j’ai 45 ans, deux enfants… J’ai fait le deuil du corps parfait lorsque j’ai “attrapé” des marques irréversibles (ex les vergetures, les veines pétées..). On peut toujours tricher (mincir, sous-vêtements…) mais la réalité est quand même dessous. Mon corps est en adéquation avec mon peu d’envie de faire du sport (même si je compte m’y mettre mais vraiment pour être en forme et non pour l’esthétique) et avec l’idée de ce qu’il doit être à un certain âge (peut être influencée par toutes les femmes de ma famille et de mon entourage qui échappent aux diktats). Je suis toujours émue devant un corps qui vieillit. J’ai eu les larmes aux yeux en découvrant les premières rides sur le cou de ma mère.
    La beauté est dans l’œil de celui qui regarde effectivement. Je te souhaite un jour de faire la paix avec ton corps. Bises

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