Brève histoire de la créativité

La notion de créativité est très récente dans l’histoire

Ça fait longtemps que j’ai envie de parler ici de l’histoire de la créativité. Et oui, il en existe une, reliée au monde des idées. Vous imaginez bien que si les hommes se posent des questions sur leurs origines, les Dieux, le big bang, les dinosaures, forcément la question de l’origine de leurs idées/réalisations est vite arrivée sur le tapis ! La notion de créativité telle qu’on la connait actuellement n’a pas toujours existé. A vrai dire, elle est même (très) récente. C’est intéressant à comprendre car quand on observe l’évolution des croyances à ce sujet, cela raconte beaucoup du système de pensée des hommes.

Comment naissent les idées ? Comment l’ingéniosité vient aux humains ? Qui peut être créatif et qui ne peut pas ? Je retrace tout cela de façon résumé, mais vous allez voir, c’est éclairant sur les freins qu’on rencontre actuellement.

histoire de le créativité

L’histoire de la créativité en trois grandes étapes

Première croyance : c’est pas moi, c’est Dieu

Pendant l’Antiquité, la créativité est considérée comme divine. Seuls les Dieux ont des idées. Seuls eux savent créer, en un claquement de doigts (ou de baguettes, va savoir). C’est toujours cette idée de création ex-nihilo, dont je parle souvent (comme dans mon article Copier n’est pas voler). Avant il n’y avait rien. Et hop, paf, clac, boum… création de matière.

A cette époque, on se dit exactement la même chose pour nos idées. Celles-ci ne nous appartiennent pas, elles ne sont que la manifestation de celles des Dieux, qui nous les soufflent. Sympa les gars. Dans nos cerveaux, du coup, je suppose que c’est le vide ? Jusqu’à ce qu’un divin ami vienne y déposer son idée. Charge à nous de s’en occuper.

C’est pourquoi les humains de cet âge reculé parlent d’ailleurs d’inspiration et non de création.

Les Grecs anciens n’avaient pas de mot pour « créer » ou « créateur » à l’exception de l’expression « poiein » (« faire »), qui ne s’appliquait qu’à la poiesis (poésie) et aux poètes (poète, ou « faiseur »). Platon ne croyait pas en l’art en tant que forme de création : « Dirons-nous, d’un peintre, qu’il fait quelque chose ? Certainement pas, il imite simplement. » (Source)

Voilà voilà…

Deuxième croyance : le boy’s club des génies créatifs

A partir du 18ème siècle, l’histoire de la créativité opère un tournant. On commence à admettre que l’homme peut être en partie responsable de ses idées. Trop de bonté. En parlant de bonté, je vous rassure, Dieu n’est pas totalement exclu de l’équation, il y a des fulgurances dont il est le seul responsable. Mais quand même, on accorde aux hommes des idées personnelles.

Cela est sûrement lié au mouvement intellectuel humaniste qui arrive doucement et qui développe une vision centrée sur l’humain dans le monde, valorisant l’intellect et la réussite de l’individu, sa course incessante avec la connaissance et la création. L’imagination devient une capacité recherchée. Leonardo da Vinci est l’un des exemples les plus connus et les plus accomplis.

Le corolaire de cette évolution, c’est que hélas, peu d’hommes sont capables de “génie créatif”. Pas de bol, tout le monde n’est pas Léo ! (Et surtout pas les femmes hein… les quoi ? Les femmes ???? Mais qu’est-ce donc ?? ^^). En gros, il y a les rares chanceux qui possèdent le don de la créativité et les autres, pauvres gens normaux, qui n’ont pas d’idées. La créativité est la capacité des grands hommes.

Je ne vous cache pas que cette étiquette de génie créatif étant donnée par les copains du club des “hommes hétérosexuels, vieux et riches”, le biais est énorme.

Croyance actuelle : la créativité pour tous mais…

Dans les années 1950 (seulement), des psychologues américains se mettent à étudier la créativité et déclarent enfin que tout le monde est créatif. La créativité est alors reconnue comme une capacité psychologique ordinaire, qui se développe selon certains critères : personnalité, environnement social, motivation… Et là, tout le monde y va de son petit schéma pour expliquer comment les idées arrivent. J’en parlerai une autre fois. Mais on peut déjà se dire que Dieu n’y est plus pour grand chose.

Le mot créativité a fait son apparition dans le dictionnaire français en 1971 ! Et il a failli ne pas y être car ses détracteurs, à l’académie française disaient que le mot « créativité » était une notion creuse, une mode pseudo-intellectuelle qui se démoderait vite. Okay… coucou les boomers !

Au début, les gens l’emploient entre guillemets, signe de sa nouveauté. Mais il trouve vite un écho qui se popularise jusqu’à être dans toutes les bouches désormais. C’est le développement personnel qui termine de populariser cette notion de créativité, facteur d’équilibre et de vie épanouie, il parait…

Important à noter, à l’origine, la créativité n’a aucune connotation artistique. Être créatif ne signifie pas être bon en pâte à sel ! On pourrait la définir comme un chemin entre la reconnaissance d’un problème et la mise en lumière d’un processus de solutions.

pourquoi je ne suis pas créatif

Et maintenant alors ?

Avec cette histoire de la créativité, on pourrait croire que c’est bon, on est sorti du marasme. Sauf que ce n’est pas si simple. Hélas, on se coltine encore pas mal de résidus de ces antiques croyances. Je le vois dès que j’anime des ateliers ou que je dois expliquer à quelqu’un qu’il est créatif, comme tout le monde.
Si je résume quelques effets dommageables de l’histoire de la créativité dans notre quotidien, ça donne :

  • T’es créatif ou tu ne l’es pas… (mode Pas de choune activé)
  • La créativité vient à nous (mode passif activité)
  • La créativité est instinctive (mode flemmard activé)
  • La créativité, c’est produire de l’art (mode œillère actif)

En gros, c’est pas ma faute à mouaaa (moi Lotita).

Bref entre ceux qui pensent que les idées ne sortent que de la douche et ceux qui croient qu’ils ne sont pas tombés dans la marmite, il y a un gros gâchis de confiance et de créativité.

Quand vous dites “je ne suis pas créatif“, il est fort probable que vous vouliez dire un truc comme “Je n’ai aucun talent artistique“. Ce qui est certainement plus juste mais également faux, car le talent n’est que du travail.
Je vous propose : “Je n’ai pas encore assez travaillé pour me sentir à l’aise dans cette discipline“… C’est mieux non ?

Voilà pour cette brève histoire de la créativité et ses écueils ! Est-ce que vous saviez tout cela ? Est-ce que ça vous parle et vous permet de mieux vous comprendre ?

Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à écouter mon interview de Jules Zimmermann, auteur du formidable ouvrage “dans la baignoire d’Archimède“.

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Si vous avez envie de muscler votre créativité, n’hésitez pas à réserver des ateliers créatifs à l’atelier des Intentions !

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