Virée en recycleries et brocantes avec Alexandriane

Il y a un bon mois maintenant, je suis partie en virée recyclerie et brocante avec Alexandriane, l’incroyable humaine qui est à la fois derrière le compte @alexandriane (à la si jolie écriture) et la boutique @Unjourunevieillerie, brocante de poche mirifique, située à Paris, vers Nation. C’est difficile de décrire quelqu’un aussi riche et complexe. Les mots semblent étroits, faut jouer avec les pleins et les creux, les envolés, les silences. Composer avec ce qu’elle irradie et ce qu’il faut deviner. Le mystère est dans son ADN, tout comme sa capacité à cerner les gens, à les aimer avec fulgurance.

Elle m’a longtemps intimidée. Je me demande pourquoi je tourne cette phrase au passé car c’est toujours le cas. Envie de faire partie de sa bande, sentiment de ne pas être à la hauteur. C’est dans ces moments que mon complexe d’amitié tape fort aux fenêtres de mon courage. Pourtant, on a une chouette relation en pointillé depuis des années. On se suit de loin, finalement aussi timides l’une que l’autre. On s’apprivoise.

Et un jour, un message d’Alex qui me dit : “réserve ton WE, on part faire du vélo ensemble“.

Bah d’accord. Le vélo, chais pas, mais le WE, je signe immédiatement.

Au lieu de construire un parcours cycliste, je l’ai embarquée dans mes terres. Enfin… celles de mon papa. J’y suis allée très précautionneusement.

“Tu sais, c’est un chalet, c’est un lieu modeste, dans son jus, pas très moderne, rempli de trucs qui pourraient se dénicher en recyclerie d’ailleurs. Il y a de la poussière, des petites bêtes, des plus grosses, des souvenirs partout, du bois qui craque, du froid qui rentre, un jardin bucolico-rustique, le bruit improbable de l’autoroute et la Loire, puissante, sauvage, 10 mètres en contrebas. Mais la lumière est belle et on pourra aller marcher“…

Moi, ce chalet, je l’adore, il fait partie de mon enfance, de mes souvenirs et chaque parcelle m’évoque mon clan. Mais si tu n’es pas de chez moi, je ne me rends pas bien compte du charme bricolé que tu peux lui trouver. Ni du standing que tu attends en général quand tu sors de chez toi. Donc les rares fois où j’ai fait venir quelqu’un d’extérieur, j’ai toujours joué dans la présentation à pincettes.

Alexandriane, elle est entrée sans hésitation, elle a roulé des yeux qui disaient : “Nan mais c’est quoi cette merveille ? “. Et la première phrase qu’elle a dite, c’est : “C’est un lieu pour écrire des best-sellers“. J’ai pensé qu’elle avait raison (même si ça n’enlève rien à ma description ^^).

Je ne vous mettrai pas de photos, je n’ai pas très envie de partager l’intimité de ce chalet. Vous pouvez néanmoins le voir en photo dans cet article sur mes dernières aquarelles.

Trois jours ensemble, c’était la proposition, avec un programme assez simple : utiliser les vélos du chalet et écrire. On a absolument RIEN fait de tout cela. A la place, on a visité une recyclerie, des brocantes et un Emmaüs. On a parlé. On s’est tues. On a marché. On s’est reposées. On a fait du feu. On a bouquiné. Et on a mangé des boîtes de conserve. Voilà, à la louche comment on a refait le monde.

Et en parlant de monde, la grande découverte de ce WE pour moi, ce fut celui des brocantes. Alors oui, il m’est déjà arrivé de mettre les pieds dans une recyclerie, surtout pour mes projets de bricolage. Mais je ne fais pas partie de la grande famille de ceux qui se lèvent le dimanche très tôt pour dénicher la perle rare, le nounours vintage, la fringue incroyable ou le meuble dans son jus.

Alexandriane, c’est son métier, sa passion et son talent. Son triangle isocèle. Et elle m’a fait l’honneur de me partager ce morceau d’elle.

Recyclerie, brocante : tous les conseils que j’ai retenus

Curieuse de la voir au cœur de son art, je me suis positionnée un pas en retrait et je l’ai observée. Je lui ai posé des questions un peu con sans doute. J’ai demandé la valeur des objets que je croisais. Mais j’ai vite compris que le grand intérêt de toutes ces aventures, ce n’était pas le super sac Chanel que personne n’avait su repérer ou la carafe qui te rappelle ta mamie (encore que là, forcément, c’est chouette)…

La beauté de la recyclerie ou de la brocante, ce sont les gens que tu rencontres et avec qui tu partages des bouts de joie.

Néanmoins, je me suis amusée à vous lister les astuces et réflexions que je crois avoir pigé pour bien chiner en recyclerie, brocante et autre vide-grenier.

• Il n’y a pas de façon unique de dénicher les lieux où on se déplace. Il y a en a qui passent par le bouche à oreille, d’autres qui suivent des influenceurs qui partagent leurs adresses, des qui se promènent sur Google Maps… Bref, chacun son style.
• Chiner, c’est un peu la même chose que chasser le champignon. On a ses coins, on les divulgue ou non. Parfois qu’on revient l’année suivante et les champignons se sont faits la malle… Bref, c’est un métier, une expertise, mais ça reste très personnel. Il n’y a pas d’équivalence.

Moi je m’en fous, je vous file “mes” adresses ! On a visité l’emmaüs de Neuvy, la brocante de papy moustache, celle des souvenirs d’antan (tony et Jen), le débarras de Véro, la recyclerie de saint Amant en puissay… en gros. J’en oublie certainement !

• Tout le monde ne chine pas la même chose. Je dirais qu’Alexandriane, elle ne craque que pour les objets qui ont une histoire. Enfin… Pas leur histoire hein. Ça, je crois qu’elle s’en cure le nez. Elle n’aime que les objets dont elle pourra ré-écrire un récit, le sien, sa vision. Elle a la brocante littéraire. Mon amie Sandrine, pour Idely, elle traque le luminaire, tout ce qu’elle peut recycler en loupiotte, en poésie éclairante. D’autres sont sur les fringues, les collections de hiboux, les dés à coudre… Ça donne l’impression d’une grande famille de gentils fous.

On retrouve même les bateaux en allumettes du diner de con de je ne sais qui…

• Il faut être gentil. Si tu n’aimes pas les gens, c’est difficile de faire de la brocante. C’est un ramassis d’intime, de souvenirs, d’abandon et de retrouvailles. Et puis, les gens qui tiennent ces lieux, c’est important de leur parler, de les frotter comme une lampe de génie, pour faire sortir le meilleur de qui ils sont. Parce qu’à chaque fois, on est tombés sur des merveilles d’humains.

• Ca ne s’improvise pas… Il faut une grande voiture et plein de sacs, des couvertures, de quoi caler, protéger… Surtout si c’est ton taf. Moi j’ai posé mes premiers achats dans la voiture et au rond-point suivant, on entendait glinglingling… J’avais pété tous mes nouveaux vieux verres ! Et sinon, mon premier achat, ce fut cette auge et je me suis dit qu’avoir 4 enfants et la voiture qui allait avec, c’était ma chance !

• Faut avoir du temps. Ou l’oeil. Ou les deux. En tout cas, je ne vois pas trop comment tu peux rentrer dans une recyclerie ou un vide-grenier et décider en trois secondes qu’il n’y aura rien d’intéressant. Sauf quand tu es Alexandriane, qui telle madame Irma de la vieillerie, se plantait devant la porte d’entrée en me disant au choix : “Ici, Cécile, on va trouver des merveilles“… Ou “Je crois qu’on perd notre temps“…
  Moi j’ai dû fouiller, soulever des trucs plein de poussières, ne rien comprendre à ce que je voyais… Elle, elle partait comme une fusée en suivant une boussole invisible et victorieuse.

• Les prix sont à la tête du client (et c’est une bonne nouvelle) (je crois). Je m’explique ce titre un peu provoc. Moi, j’ai souvent braillé (et je le pense toujours) que je déteste quand je rentre dans une boutique et que les prix ne sont pas indiqués. Ça me donne l’impression qu’il y a deux poids deux mesures, qu’en gros, selon ta dégaine friquée ou non, tu vas payer plus cher ou moins cher. Ça me gonfle. Je préfère quand les prix sont affichés.
  Sauf que là, souvent, en recyclerie, en brocante, faut pas se mentir. Les gens qui arpentent les allées ne sont pas tous des pros à leur compte. Il y a des militants, des gens qui préfèrent la seconde main, des gens qui n’ont pas les moyens, d’autres cas pire encore…
  Alors, j’ai l’impression que si, pour une fois, les riches peuvent VRAIMENT payer pour les pauvres, ben ma foi, c’est oki ! Pis, la tête, c’est aussi le sourire, la gentillesse. Ca fait fondre les prix aussi bien que les gonfler si tu te la joues Cruella.

• Le beau est relatif. Très relatif. Je ne sais pas qui peut s’emballer pour des couverts à salade en pied de bouquetin, mais je sais que ces personnes existent ! La recyclerie, ça te rend poète.

• Ami créatif, ton cerveau va exploser. Je ne sais pas combien de fois je me suis dit que je pourrais prendre ce truc pour en faire un machin… Les tableaux, par exemple, j’ai tellement envie d’une galerie qui mettrait des sous-titres modernes et sarcastiques sur les vieux canevas d’antan. Et en même temps, c’est moche non ? ^^

Je crois qu’Alex rigole encore de mon achat coup de cœur : cet agneau en plastique défraichi…

• Allergique à la poussière : fuyez ! Dans une recyclerie sur deux, les affaires des gens arrivent dans des sacs et restent dans les sacs. A toi ensuite de les déballer (sans les casser). L’esprit de Marie Kondo n’est jamais passé par là, et tant mieux, sinon ce sera la syncope assurée ! Faut le dire, on peut trouver une recyclerie vaguement rangée et l’autre dans un foutoir sans nom, sans que ça influe sur les trouvailles que tu vas dénicher. Ça teste juste ta résistance et ton talent de fouineuse.

• Le monde tient dans un mouchoir de poche (usagé). Pour le dire autrement, on trouve de tout. Vraiment de tout ! C’est assez hallucinant de voir ce qui termine sa course en brocante (et qui va peut-être repartir pour un autre tour en plus !). A chaque fois, ça m’interrogeait sur le chemin qu’avaient pris ces vieilleries.

• On trouve vite tout beau. Et c’est problématique ^^ ! Parce qu’une fois sorti du sac chez toi, dans un autre contexte, ben c’est vite remoche…

Voilà en gros, ce que je peux vous partager de cette mini expérience brocante et recyclerie en compagnie d’Alex. Je n’ai pas de tuyaux pour la négo, pour faire des affaires, pour grimper dans la hiérarchie de la chinerie.

Je témoigne simplement d’un excellent souvenir qui me donne envie de repartir ! Ce n’était pas gagné, pour ma part, croyez-moi.

Sinon, on a aussi pris le temps de faire le magasin d’usine des faïences de Gien. Là aussi, faut un peu fouiller finalement. Et ce n’est pas donné, même pour du déclassé. Mais c’est le savoir-faire français, toussa toussa.

Sympa à faire je trouve.

Et quand on n’était pas en brocante ou en recyclerie, on s’est promenées sur les bords de la Loire.

C’était drôlement beau, drôlement froid et drôlement drôle !

Niveau gastronomie, on a testé les plats locaux !

On a eu la chance d’avoir un ciel fou fou fou les trois jours ! Déjà, on a croisé Éole, lui-même.

Mais surtout, je n’ai jamais autant vu d’arc-en-ciels en si peu de temps. Des bien gros en plus, même si ça ne rend rien en photo. Même qu’on a bien pensé à Marjolaine, une copine commune.

A la fin de cette micro-aventure, on est rentrées retrouver nos maris, nos enfants et des endroits où vider notre cargaison ! On a été raisonnables car on pouvait toujours voir quelque chose dans le rétro ! Je pense qu’on peut mieux faire pour les prochaines fois !

Arrivée à la boutique d’Alexandriane, on a fait le tri pour se répartir nos trésors. Sur la photo, il n’y a que les miens. Je n’ai pas démérité !

Et voilà… le bisou de la fin. A très vite pour d’autres aventures. Parce que vous n’êtes pas prêtes à toutes les idées qu’on a eu pendant ces trois jours ! Si on arrive à en démouler une, on sera tellement des reines !

Je termine en vous partageant la vidéo qui résume cette échappée belle !

 

 

 

 

 

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